Rolf Blaser _____ du 24 mai au 10 juin 2018 ____________________

© Rolf Blaser

site personnel_____ www.rolf-blaser.ch

Rolf Blaser, un voisin

Pour moi, Rolf Blaser n'est pas un homme à se laisser connaître dès les premières minutes. Certainement qu'il promène un monde bien à lui lorsqu'il traverse une rue, un jardin, une forêt ou le trottoir d'en face.
Si je parle du trottoir d'en face, c'est que nous avons été voisins durant plus de vingt ans. Moi dans le havre de mon appartement familial, lui avec son atelier souvent illuminé jusque tard dans la nuit.
De ma cuisine je discernais les fenêtres opaques de son lieu de travail éclairé par les flashs photographiques ou la douceur d'un éclairage régulier.
Ce qui se passait à l'intérieur restait un mystère, mystère qui s'ébréchait légèrement lorsque Rolf chargeait dans un véhicule une série de toiles emballées et destinées à la vente ou aux expositions.
En réalité, je ne connaissais de son travail que les œuvres exposées et jamais je n'avais pénétré dans son antre – c’était un voisin discret.
Malgré cela, on peut rapidement s'apercevoir que sa tranquillité dissimule un humour ravageur, un sens pointu de la dérision et un regard sur le monde exempt de toute innocence. Rolf est un caractère, un oeil acéré.
C'est avec un immense plaisir et une grande curiosité que j'ai enfin accédé à son atelier dans le but de préparer avec lui et Catherine Meyer l’exposition à l'Atelier Grand Cargo.
J’ai retrouvé dans les œuvres l’impression que l’homme m’avait laissée – l’absence de tricherie, l’intégrité, une ironie piquante et une place au rire, fut-il amer.
Le portrait que nous avons choisi pour l’affiche est loin d’être sombre.
Il restitue l’image d’un homme de notre temps fait de chairs et d’ombres, parfois de lumières et de transparences, de vie, de dépits et certainement de malice.
Ce visage est devant un fond rouge comme exposé à la curiosité du spectateur – comme le reflet de la propre interrogation de Rolf Blaser sur la marche du monde – peut-être est-il aussi chargé de la troublante ressemblance entre le portrait et le peintre.
Le travail de Rolf Blaser ne me laisse pas indifférent. Je ressens une impressionnante qualité, une précision du geste, le sens de la lumière et l’expression d’une humanité sensible.

Yves Robert

© Rolf Blaser

focus sur ROLF BLASER

Ce qui frappe dans les peintures, gouaches ou dessins de Rolf Blaser, c’est d’une part l’omniprésence de la figure humaine. Qu’il s’agisse de portraits, d’études de corps ou de groupes, les corps d’homme et de femmes, souvent nus, sont exploités sous toutes leurs facettes et se modèlent à l’infini dans de nouvelles poses. Blaser vise à illustrer des corps dans leur vérité, montrant les imperfections et les limites de cette enveloppe charnelle. Son travail est marquant, profond, touchant et ne laisse personne indifférent, d’autant plus que de nombreuses œuvres sont peintes en grand format. D’autre part, une forme de violence contenue est sous-jacente dans ses compositions, montrée par les coloris, les postures des corps ou les coups de pinceau.
La représentation du corps humain, s’inscrit dans une longue tradition de l’histoire de l’art, mais Blaser la dépasse et par sa technique ou par la position de ses corps, la transcende et en tire une interprétation toute personnelle, intemporelle et bestiale. L’artiste, tel un metteur en scène, dispose ses corps de manière à les ériger en symboles sans prise possible au temps, intenses et éternels, en suspens. Leur nudité, renforcée par le dépouillement des compositions, les universalise et les place sur un pied d’égalité absolu. Blaser va donc à l’essentiel, il ne se préoccupe pas des détails superflus.
La matérialité dans son travail joue un rôle à part entière. Il pose des aplats de peinture en couches successives, ce qui amène une profondeur et un relief supplémentaires aux corps, une résonance profonde. Son oeuvre est ainsi une plongée dans l’histoire de ses personnages. C’est l’Homme dans son plus simple appareil que Blaser veut représenter, un Homme fragile et contingent, mais présent éternellement à travers ses tableaux.

in From NE with Love - QG - Latitia Neier

© photographie Yves Robert


Rolf Blaser
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