pauvres riches 

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L’Impartial

Champagne et caviar, le bateau coule!

Ils sont riches mais ont tout à perdre, ils n’ont rien et font croire qu’ils ont tout. Les voici embarqués dans «Pauvres riches», une comédie à déguster ce week-end à La Chaux-de-Fonds. Des dialogues, courts, vifs. Le plaisir du jeu, de la relance, tel que peut l’offrir une comédie basée sur les quiproquos. Dans le parcours de la Cie Fantôme, «Pauvres riches» apparaît comme une respiration, une évasion dans la légèreté des bulles de champagne et des grains de caviar. Une gourmandise, à partager ce week-end au Temple allemand à La Chaux-de-Fonds.

Seule en scène, Christine Chalard était «La femme qui tenait un homme en laisse», un monologue d’Yves Robert inspiré par la soldate américaine Lynndie England, que les humiliations infligées aux prisonniers d’Abou Ghraïb rendirent tristement célèbre. La voici dans la peau de Pétula, une parvenue imaginée par le même Yves Robert, la plume de la compagnie chaux-de-fonnière qu’ils animent ensemble. «Je suis prolixe en écriture», explique l’auteur; «la structure de la pièce est établie dès le départ, mais le matériau reste assez large.» Et malléable donc, car la compagnie et son complice Julien Barroche, metteur en scène, conçoivent le spectacle comme un art vivant, et non comme une vitrine pour exhiber leur ego.

Amaigrie au fil des séances de travail, la version «finale» de «Pauvres riches» s’amuse de la rencontre fortuite entre deux couples. Tombés en panne alors que la tempête fait rage, Pétula et son riche mari (Philippe Vuilleumier) s’abritent dans la demeure d’un couple d’aristocrates (Olivia Seigne et Thierry Romanens). Mais les apparences peuvent être trompeuses, et rapides les renversements de situation…

«Les personnages se profilent comme des archétypes, mais ils ont un passé, donc une humanité», commente Yves Robert. «On mélange les genres, on est proche de la comédie, du boulevard, voire même du théâtre de salon. Rompu à l’humour du café-théâtre, Thierry Romanens permet de jouer sur ce registre-là aussi.»

L’auteur, qui, souligne-t-il, avait choisi sa thématique avant que la crise n’éclate, avoue une autre référence, celle de la comédie américaine et, plus précisément, de Frank Capra. Attentif aux rapports sociaux et à la marche de notre monde, Yves Robert penche davantage du côté des valeurs défendues par le cinéaste – modestie, intégrité, solidarité – que vers le cynisme ambiant. «La pièce s’achemine donc vers un happy end, mais un happy end conditionnel, comme en sursis. Car on comprend que ces idéaux, aujourd’hui, ne se suffisent plus à eux-mêmes».

Pour autant, ces «Pauvres riches» n’ont pas pour vocation de donner une leçon, promet l’auteur. «Cela reste un divertissement même si, au-delà du rire, il est permis de se poser quelques questions.»

Dominique Bosshard

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