4 au 6 novembre 2021 – Théâtre du Concert
distribution
écrit et mis en scène par Yves Robert
interprété par Blaise Froidevaux

écrit et mis en scène par Yves Robert
interprété par Blaise Froidevaux
écrit et mis en scène par Yves Robert
interprété par Blaise Froidevaux
écrit et mis en scène par Yves Robert
interprété par Blaise Froidevaux
La Mort de Vladimir évoque en toute simplicité la vie d’un bébé très méconnu et tout à fait célèbre, puisqu’il s’agit de celui qui se trouvait dans la poussette du film « Le Cuirassé Potemkine » d’Eisenstein.
On le surprend alors qu’il dévale les escaliers d’Odessa sous le feu des soldats, début d’une vie faite tout entière d’aventures et de luttes qui traverse le XXe siècle.
Sans surprise, à la fin, il meurt !
distribution
texte et lecture Yves Robert / lecture Samuel Grilli
la simplicité
C’est une lecture sans effet de manche. Une valise, quelques photographies et la corne d’un vieux gramophone pour écouter des musiques désuètes servent de point d’appui ou de respiration, toutefois avec les attributs d’un spectacle, soit de la lumière, une sonorisation et une scénographie.
samedi 23 octobre 2021 à 20h30
mars 2021 – La Mort de Vladimir évoque en toute simplicité la vie d’un bébé très méconnu et tout à fait célèbre, puisqu’il s’agit de celui qui se trouvait dans la poussette du film « Le Cuirassé Potemkine » d’Eisenstein.
On le surprend alors qu’il dévale les escaliers d’Odessa sous le feu des soldats, début d’une vie faite tout entière d’aventures et de luttes qui traverse le XXe siècle.
Sans surprise, à la fin, il meurt !
distribution
texte et lecture Yves Robert / lecture Samuel Grilli
la simplicité
C’est une lecture sans effet de manche. Une valise, quelques photographies et la corne d’un vieux gramophone pour écouter des musiques désuètes servent de point d’appui ou de respiration, toutefois avec les attributs d’un spectacle, soit de la lumière, une sonorisation et une scénographie.
Le jour s’éteint, la nuit se lève.
Raconter la vie est mal aisé.
Mille fois recommencée, une vie c’est mille fois recommencée.
Puis, un jour, pas trébuché, culbute, la grande culbute, fini, cœur en croix.
Ça nous arrive à tous, les yeux écarquillés entre les étoiles, pupilles posées sur le vide, mort, aussi sèche qu’une sauterelle.
L’âme s’enfonce dans le sable, on ne sent rien.
Sénatrice ou banquière, on est bien obligé à redevenir modeste.
On retourne à la terre avec ce qui fut pris à la terre.
C’est pour tous, la crainte de tous, la vie de tous.
Je le sais bien, je fais partie de l’équipe.
Je tiens de ma mère et de mon père le droit de passage, le droit de voir mille horizons, de nager dans les bonheurs, de sombrer avec la tragédie.
En fait, le droit de vivre.
La vie, c’est du bordel, et c’est pas mal.
Je ne changerais pas, on a qu’une chance, un seul passage vers le Nord-Ouest.
Toutes les aurores sont nouvelles, des surprises recommencées, jusqu’à la dernière, jusqu’à l’oubli.
La vie, c’est déraisonnable.
Je suis là les bras tombés, bras tombés parce qu’amoureuse…
version homme – cahier du Grand Cargo – texte intégral – cahier format A5 – reliure centrale avec deux agrafes – papier blanc 80 à 100 gr. – CHF 5.– pcs. – envoi par poste pour la Suisse – étranger sur demande
version femme – cahier du Grand Cargo – texte intégral – cahier format A5 – reliure centrale avec deux agrafes – papier blanc 80 à 100 gr. – CHF 5.– pcs. – envoi par poste pour la Suisse – étranger sur demande
revenir au texte avec la sobriété des moyens et la qualité d’un jeu précis sur le verbe. Toutefois, une comédienne, un comédien, un décor, de la lumière et de la musique, un moment pour s’égarer en imagination dans la vie des autres.
texte et mise en lecture Yves Robert
lecture Dominique Bourquin
durée 60 minutes
Le texte est lu alternativement par Dominique Bourquin ou Yves Robert
Yves Robert – texte et mise en lecture
Dominique Bourquin – lecture
Théâtre du Concert – partenariat
Yves Robert – texte et mise en lecture
Dominique Bourquin – lecture
Théâtre du Concert – partenariat
Le Cargo présente sur son grand mur et durant l’année 2021 les travaux de trois artistes, soit Grégoire Müller, Maoro Frascotti et Rolf Blaser
Le principe est d’exposer et de mettre en évidence une œuvre ou une thématique unique
Maoro Frascotti présente une impressionnante et magnifique aquarelle
les toits de Paris, un polyptyque au format 315 x 274 cm
Le Cargo présente sur son grand mur et durant l’année 2021 les travaux de trois artistes, soit Grégoire Müller, Maoro Frascotti et Rolf Blaser
Le principe est d’exposer et de mettre en évidence une œuvre ou une thématique unique
Grégoire Müller présente un impressionnant et stupéfiant lutteur Sumo
Faire le portrait d’un peintre, c’est une gageure. Un peu comme de risquer celui d’un écrivain à travers l’analyse de ses personnages. Le « Madame Bovary, c’est moi » de Flaubert ne marche pas avec les images créées par Grégoire. Est-il ce poignard peint sur fond noir, ce bonze en feu souriant comme Mona Lisa, ces corps sacrifiés à l’ignominie barbare du commerce de la guerre ? Est-il tout cela un peu ou ses toiles ne sont-elles là que pour recouvrir autre chose ?
Si tout cela nous démontrait plutôt que ce qu’il nous donne à voir n’est qu’un drapé baroque jeté sur les sacrifices carnavalesques de la réalité ?
– Où est donc Grégoire ?
La même question a été posée dès la petite enfance à ses parents bien empruntés pour y répondre. Le père, artiste sculpteur, et la mère bohème, trouvent des excuses à leur lâchage, persuadés qu’ils sont que leur tâche et leur mission est ailleurs que dans le rôle de parents.
– On l’a placé chez ses grands-parents, à Morges. Ils ont une belle et grande maison. « Grégoire sera plus heureux avec eux qu’avec nous ».
C’est ainsi qu’on crée des existences flottantes dans le bain amniotique d’une réalité qui lâche, qui ne tient à rien, qui cherche désespérément des repères, une manière d’être contre l’innommable de cette épreuve d’artiste, l’enfance hors du giron de papa et maman. En 2017, pour ses 70 ans, Grégoire revient avec pudeur sur cette enfance dans son récit La maison de Morges.
– Il est où Grégoire ?
Il est là aussi, beaucoup, dans ses livres : 11 publications à ce jour, dont 7 à teneur largement autobiographique. Grégoire n’en finit pas de se raconter, non pas qu’il se trouve plus intéressant qu’un autre, mais, comment dire, il s’agit pour lui de laisser des traces, les siennes, faites à la main, comme les premiers figuratifs d’Altamira et de Lascaux ; on naît tous dans une caverne et on y finit aussi, ainsi va l’humain. Le nôtre, ce Grégoire Homo sapiens, n’en finit pas de s’interroger, parce qu’il s’est laissé porter par le feu, et qu’il sait qu’un tison, tenu à bout de bras, laisse une empreinte hasardeuse, parfois fugitive, une empreinte qui explore le lien ténu entre la vie de tous les jours et le chant des pistes, le beau chant de l’humanité. Et quand le tison répand de son noir sur la toile, sur la jute, sur la pierre, ce noir peut éclairer et raconter la naissance du charbon, mais avant lui la branche de saule, les chatons dansant dans l’aube frileuse, les feuilles tétant avidement la sève, la sève qui vient des racines, de l’humus des plantes plus anciennes, de leur décomposition…
– Il est où Grégoire ?
Il est à Paris, venu y faire son pirate. Un séjour raconté dans le livre « Sous les pavés » paru en 2019. C’est 1968, la castagne et les ateliers de peintres, les petits boulots et les rencontres, les amours jaunes et les crève-cœur sanglants. Il a 19 ans le môme et il est bien décidé à mettre de côté son enfance de petit-fils de bourgeois. Ça tombe bien : le monde mue. La peinture aussi, mais pas assez vite. Il apprend à dessiner, il écrit surtout, sur l’art, sur la mutation espérée, sur le grand désir de réinvention du monde.
Harald Szeeman l’invite à Zurich pour l’assister à mettre en place une exposition qui fera date : « quand les attitudes prennent forme », une expo qui marque la reconnaissance du processus de création comme partie intégrante de l’œuvre d’art. Quand la main à la pâte s’expose avec le gâteau. Le monde mue. Beuys travaille du chapeau, Richard Serra enroule ses plaques d’acier rouillé…
– Il est où Grégoire ?
Il bosse dans l’atelier de Richard Serra justement, il l’aide à fondre des moules en plomb. On est à New-York, la ville de « Ramblings », un autre livre paru en 1996. Il y est arrivé avec sa première femme, deux valises et septante dollars. En sous-titre, son livre est explicite : « Art et survie à Manhattan », son quotidien pendant dix-sept années. L’art partout, il rencontre tout ce qui se manifeste entre la contre-culture des années septante et le post-modernisme des années 80. Les noms de ses proches ? En voici quelques-uns triés sur le volet : Andy Wharol, Bob Rauschenberg, Sol Lewitt, Phil Glass, William Burroughs…
C’est que Grégoire est devenu incontournable dans son rôle de critique. Il est rédacteur à Arts-Magazine, revue branchée s’il en est. Il signe son premier livre en 1972 The new Avant-garde. Il a une première fille, Francesca, avec sa deuxième épouse coréenne. Le beau monde lui est ouvert. Tout semble rouler pour lui, sauf que la promesse qu’il s’est fait à lui-même, adolescent de quinze ans, il l’a oubliée. Alors, pour retourner à la peinture comme on retourne dans la grotte de sa croyance initiale, Grégoire lâche tout : femme, enfant, situation enviable dans la presse. Je le cite : « Je veux me défaire de ce que j’ai accumulé pendant ces trois ans : appuis, influences et autres relations… Pour repartir, anonyme et en solitaire, sur la voie de la peinture. »
– Il est où Grégoire ?
Grégoire peint. Dans un loft fréquenté et squatté par une faune interlope. Il y a son colocataire, Olivier Mosset et sa Harley Davidson, Ornette Coleman qui vient répéter avec son groupe. Il y a les sorties, les soirées givrées, les nuits poudreuses, quelques expos, quelques toiles vendues, la recherche obstinée de la figure comme nouvelle voie possible de la peinture. Un bel article dans le New York Times, la rencontre avec Pascal qui devient la mère de Saskia puis plus tard de Mischa Laura. Une autre expo très remarquée. Tout va bien. Trop bien ? Pour Müller, c’est le moment de mettre les voiles.
– Il est où Grégoire ?
A La Chaux-de-Fonds… Il s’y est installé il y a 34 ans. Avec son prénom de premier chrétien allumé, avec sa barbe de maître zen, avec sa femme d’Amérique aux yeux de lampes à huile dans les mines de plomb, avec son équilibre de derviche tourneur, avec son parler de griot du comptoir au café des arts, Grégoire peint, dessine, malaxe, évoque. Et son débit de toiles — qui sont comme des mots de la profération tribale — marque et souligne notre pénombre, d’une noirceur étale, prise souvent dans le registre même du coton ou de la jute, comme si la nuit seule pouvait être éclairante. Mais d’un revers de veston, Müller balaie nos truismes en cimaise et tranche dans le vif comme dans les habitudes, il peint et dessine, parce que c’est comme ça : une évidence. Ça se fait à l’horizontale, à même le sol, pour se soucier toujours de la planète terre et de l’humus, et du tatami sous les pieds. Car le bonhomme est initié aux arts martiaux : 5ème dan de karaté, vers la maîtrise du corps et de l’esprit comme les samouraïs qui ont inspiré cette pratique, avec leur code d’honneur des vertus parmi lesquelles figure le courage : Ce courage qui nous pousse à faire respecter, en toutes circonstances, ce qui nous paraît juste et qui nous permet, malgré nos peurs et nos craintes, d’affronter toutes les épreuves.
Autre vertu des samouraïs : la modestie et l’humilité. Et surtout : la droiture. Faire preuve de droiture, c’est suivre la ligne du devoir et ne jamais s’en écarter. Loyauté, honnêteté et sincérité sont les piliers de cette droiture. Fin de mon emprunt à Wikipédia.
La ligne du devoir du samouraï, c’est aussi la ligne du peintre, ce qu’il appelle parfois la touche. Je le cite : « En soi, chaque marque est abstraite, tout au plus reflète-t-elle une technique. Mais lorsque le geste le plus minime trouve sa place dans la cohérence d’une composition, il signifie, comme un mot, un accent, une intonation. » Je rajouterai : une langue, une musique, des tons, une harmonie.
– Il est où Grégoire ?
Il est là dans son travail de karateka des arts. Dans sa ligne du devoir duquel nulle gloire n’est attendue, même pas un Prix de l’Institut, aussi justifié soit-il.
Moi, il me gonfle Grégoire quand il parle de ses amis qui ont réussi. Les gagnants ne savent pas ce qu’ils perdent, ai-je envie de lui répondre, mais il le sait déjà, le gars qui peint sur du noir, au sol, dans la tranchée de l’art, à mille mètres d’altitude.
– Il est où Grégoire ?
Le vrai Müller, le Grégoire à la tour abolie, peintre en son île noire, a le cul entre deux arts, l’image et l’écrit, parce qu’il écrit le bougre et mille milliards de mille sabords, il le fait tout à fait juste, parce qu’il a le sens de la ligne, du dessin, des idées et pas peur de la gomme. Cet assemblage des mots et des craies lui offre d’étaler ainsi sa conception variable de la représentation mentale : ici le fauteuil de l’art plastique et là le prie-dieu de l’écriture. En jeu : la beauté. Je cite un extrait de son dernier opus, un roman encore manuscrit :
La beauté, quand on ne fait que la cueillir pour la savourer, a une dimension égoïste, et ce, même si on la partage. Il faut savoir, au contraire, la dénicher où elle se cache, dans l’horreur même ; dans la vérité, aurait peut-être dit Kant !
– Il est où Grégoire ?
Il est n’importe où pourvu que la beauté puisse en surgir. Et, pour finir, encore un extrait dialogué de son dernier texte :
– Fiches-toi de moi autant que tu le veux. Sans cette dimension qui nous relie au Mythe, avec un grand M -et ce, le plus souvent, à travers la folie et la mort, l’Art ne serait qu’un divertissement. Les grands artistes, j’en suis convaincu, incarnent cette dimension mythique. Ou mystique, comme tu veux… comme les saint d’antan !
Jonathan lève son verre de Gin
– Ceci est mon sang !
– Il est où Grégoire ?
Il est avec nous. Pour toujours. Merci à lui.
Pascal Rebetez
Le vent tombe et se recroqueville dans un silence léger, ce n’est pas l’été.
C’est la fin de l’été avec ses orages déjà évaporés.
C’est le basculement dans l’automne, encore chaud, l’automne d’avant les fraîcheurs.
C’est l’automne à l’air sec.
L’atmosphère est enfin balayée des poussières, et le regard porte loin, on a donné des lunettes à Monsieur Turner.
On distingue maintenant la trame du lin dans les voilures d’un navire à quai.
Même s’il est encore trop tôt pour aller plus loin, ils se caressent du regard et de la paume, comme on pétrit la terre du modèle.
L’apaisement est une grande fatigue mélancolique.
L’on dort éveillé, on est heureusement triste, ou plutôt on est tristement heureux.
On attend le réveil sans impatience.
On attend le matin où s’effilochera la douce torpeur.
C’est une maison de pierres.
Les chaises et la table sont en bois rugueux, une cafetière vide est posée dans l’âtre froid.
Le vent s’ébroue et dépose les premiers flocons de l’hiver sur les carreaux de l’entrée.
La porte est ouverte depuis plusieurs jours déjà.
Les chemins se croisent et se décroisent.
L’Europe n’est plus qu’un décor de toile peinte, il est mité, cassé, brûlé.
C’est une ruine envahie par la foule des figurants. Les chemins se croisent et se décroisent…
Vladimir et Adrienne arrivent à Venise.
Au vent d’Orient, le vent des sortilèges.
Au vent d’Orient, le vent d’opium.
cette lecture-spectacle est au répertoire – nous contacter
C’est une lecture sans effet de manche. Une valise, quelques photographies et la corne d’un vieux gramophone, pour écouter des musiques désuètes, servent de point d’appui ou de respiration. Toutefois avec les attributs d’un spectacle, soit de la lumière, une sonorisation et une scénographie.
Une bouteille de vin millésimée traîne entre eux, mais ils ne tardent pas à l’ouvrir pour la déguster, histoire d’aviver la convoitise des spectateurs.
Les deux lecteurs ne sont pas exagérément joyeux.
C’est la nostalgie d’une cérémonie funéraire avec le partage des souvenirs, les bons et les mauvais.
Toutefois les péripéties rocambolesques dérident et le meilleur hommage que l’on se doit de rendre aux morts que l’on a aimés, c’est de relever la tête et de célébrer la vie.
texte et lecture Yves Robert / lecture Samuel Grilli
durée : 60 minutes