Catégorie : 15_expositions

  • Yves Robert – retour de Gênes

    Yves Robert – retour de Gênes

    présentation des travaux réalisés par Yves Robert à Gênes durant les mois de mars, avril et mai 2025

    dates et horaires de l’exposition

    du 30 octobre au 16 novembre 2025

    le programme

    vernissage le jeudi 30 octobre 2025 dès 18h

    L’exposition commence par un vernissage informel et le traditionnel bar autogéré – on vous y attend avec plaisir

    le bavardage – le 1er novembre 2025 à 20h

    J’ai découvert à Gênes de nombreuses galeries et ateliers alternatifs où se tenaient régulièrement des présentations expérimentales désignées sous l’appellation anglophone de Talk.

    Je reprends cette pratique sous la forme d’un bavardage.

    À cette occasion, je présenterai mon travail d’écriture, principalement à propos du roman écrit en Italie.

    Une fiction interrogeant sur les destins croisés et confondus de l’animalité et l’humanité au travers de deux personnages, une femme et un gorille.

    Cette rencontre laissera place à l’échange, bref, à un bavardage où chacun sera libre d’intervenir et de questionner.

    lecture – le petit silence de la nuit

    vendredi 7 novembre 2025 à 20h30

    samedi 8 novembre 2025 à 19h30

    En fin de séjour génois, j’ai travaillé à l’écriture d’un monologue racontant la traversée d’une journée ordinaire par une jeune femme, soit son quotidien mille fois répété.

    Cette banalité se termine par un événement particulier.

    un extrait

    Les journées, des chemins pavés d’embûches menant à la nuit.

    Allées de graviers, petits pas accrochés aux entraves quotidiennes.

    Petits pas de ceux, qui, oubliés dans les villes, servent les rois, les reines, les marâtres et les princes.

    Toutes les journées débutent dans la cuisine, cheveux ébouriffés, le corps un peu sale de la chaleur du lit, de la chaleur des urines retenues.

    Retenues jusqu’aux premières lueurs, jusqu’au sommeil à nouveau brisé, quotidiennement brisé.

    Tellement brisée, trainant sur les éclats inconfortables de la couche, une femme patiente, n’ose bouger.

    Je suis cette femme… Chaque matin.

    lecture – Danaé sur le rivage

    vendredi 14 novembre 2025 à 20h30

    samedi 15 novembre 2025 à 19h30

    Un autre monologue s’est élaboré à partir de la mélopée répétée par un mendiant sur la rue, curieusement en français, mélodie attrapée par hasard un jour où je revenais des caruges .

    Un sou… Un sou pour manger… Un sou, j’ai faim.

    Plus tard, j’ai pensé à l’histoire de Danaé, rejetée par son père et livrée aux vagues de la Méditerranée, échouée à Gênes ou dans toute autre ville de l’Europe.

    Cette ritournelle s’est transformée et inscrite dans le monde moderne et mécanique, un territoire où se dissolvent les êtres humains et les rêves, où les adresses ne sont plus celles du monde antique, mais la dérive d’une froideur individuelle dominée par le désir du confort – que rien ne bouge, que rien ne vive, que rien ne change.

    Ohé, les passants… Ohé, les voitures.

    J’ai mélangé ces deux impressions et c’est le récit que je vous propose de découvrir dans une lecture de Christiane Margraitner et une mise en lecture de Blaise Froidevaux.

    les photographies

    Je ne suis pas un photographe, je ne me promène pas avec un Leica.

    Je suis un regardeur qui s’intéresse à la lumière, alors quand elle me plait, je prends une image avec mon téléphone.

    Cet appareil dispose d’un programme qui imite le rendu d’un vieux film des années soixante, autorise le réglage d’un diaphragme numérique et la modification de la sensibilité.

    J’utilise ce moyen depuis neuf ans pour montrer ce que je perçois et considère comme immatériel.

    Je vous invite à regarder ce que j’ai regardé.

    l’univers sonore

    Depuis plusieurs années, à l’aide d’un enregistreur numérique, j’enregistre les sons dans les endroits que je traverse.

    L’exposition sera habitée par les ambiances sonores découvertes à Gênes, du bruit de la circulation aux éclats et chansons émergeant des manifestations politiques.

    l’affiche

    le bénéfice des ventes sera versé en soutien de l’Atelier grand Cargo

    avec le soutien de
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  • Pierre Estoppey – la beauté des monstres

    Pierre Estoppey – la beauté des monstres

    En ces temps où se dévoile la banalité des monstres, nous exposons des œuvres fantastiques, reflets de nos beautés et de nos laideurs

    du 18 juin au 5 juillet 2025

    Édito

    En ces temps où se dévoile la banalité des monstres, le Cargo expose des œuvres fantastiques, reflets de nos beautés et de nos laideurs.

    Au commencement de nos vies, ces créatures étaient tapies dans l’ombre de nos cauchemars enfantins, de nos sommeils chahutés. Ils étaient des effrois que la tendresse pouvait apaiser ou que nos imaginaires enfermaient à l’intérieur des livres d’enfants, pour la journée, avec la précaution d’un geôlier.

    Puis nous avons grandi.

    Les monstres… En observant le monde, Hannah Arendt consignait leur multitude et leur banalité dissimulées derrière l’épouvantail emblématique d’un dictateur. Elle indiquait que chacun, s’il n’y faisait pas attention, basculerait de l’autre côté du miroir.

    Ailleurs, ils ressortaient sous la forme de films et réclamaient le droit de se joindre à nous. 

    Elephant man de David Lynch revendiquait la considération humaine pour un être défiguré par la maladie et les malformations.

    Riddley Scott avec Alien, démontrait que, dans le vide intersidéral, on ne vous entend pas crier, que l’horreur se trouve privée de son expression – le monstre est pour soi et en soi uniquement, fœtus qui ne demande qu’à croître.

    D’autres œuvres, moins connues, tel Henry, portrait d’un serial killer de John McNaughton les matérialisaient avec « une presque absence » de jugement moral, obligeant le spectateur à déterminer, seul, sa position face aux dérives criminelles.

    Plus récemment, La zone d’intérêt de Jonathan Glazer observe au microscope la tranquillité fallacieuse de Rudolf Höss, commandant d’Auschwitz, et de sa famille logeant dans l’antre du carnage. Le massacre, discret et omniprésent par le son et les fumées, enrobe la joliesse du jardin et l’éclosion des roses. Au centre de cet univers improbable, une piscine, une douche et le rire des enfants s’amusant – un décor endormi sous la verticale heureuse du ciel bleu – les habits, les peaux et les sourires sont épanouis, mais que dire des âmes ?

    Pour ne pas céder totalement à l’obscurité, scrutons un registre inverse. Il faut se souvenir de La belle et la bête de Cocteau, remettant en cause l’apparence monstrueuse et appelant à regarder ce qui se blotti sous la surface, sous la première impression, sous les préjugés.

    De ce maelström autour de la présence des monstres, masqués ou révélés, je retiens une réplique puissante de la série dystopique Station Eleven.

    Un récit où des survivants, une compagnie de théâtre itinérante, traversent les paysages du désastre et s’évertuent à interpréter les pièces de Shakespeare devant le maigre public des rescapés – une réplique fulgurante et ambiguë.

    « aux yeux des monstres, nous sommes les monstres ».

    En terre occidentale, nous sommes sûrs que le monstre est l’autre parce que nous avons apaisé nos pulsions à l’aide du droit et de nos mœurs civilisées, mais, malgré ces intentions vertueuses, les chemins de nos inhumanités se multiplient sur la cartographie de nos vies, et parfois, nous refermons l’un ou l’autre de nos atlas afin de ne pas voir la conséquence de routes choisies.

    La mer Méditerranée rutile, turquoise, sous le soleil de juin et ne dévoile pas au premier abord le cimetière qui sommeille dans les profondeurs.

    Qui veux céder son confort pour empêcher les noyades clandestines ?

    « Aux yeux des… »

    La perversion se nourrit de nos indifférences et de nos silences.

    Alors, l’artiste, parfois, trouble l’eau des rivières et nous oblige à percevoir ce qui se dissimule sous la surface, voire dans la fange. Cet acte permet de saisir les contours, la précision, la beauté cachée de l’indicible, et d’en restituer la matière avec la sureté d’un geste mille fois répété.

    Ces voyageurs imprudents foulent le territoire dangereux de la lucidité, et, souvent, ceux qui s’y risquent y laissent une partie de leur âme.

    Mais tout n’est pas sombre, au contraire.

    En admirant L’Enfer de Hieronymus Bosch, nous découvrons que le burlesque supplante la terreur.

    À propos du travail exposé, je ne connais pas les motivations de Pierre Estoppey, et encore moins la force qui le contraint à dépenser temps et énergie pour faire exister ses œuvres fantastiques. De manière générale, je ne sais pas ce qui oblige un artiste à soumettre à nos regards de spectateurs, sa singularité, cette variation se démarquant de nos importants bavardages du quotidien, ce geste fou donnant à voir l’incompréhensible.

    Peut-être est-ce une contrainte héritée de l’enfance… Forcer les créatures à se terrer dans le format des cadres ou à l’intérieur des livres d’images.

    Un miracle renouvelé nous permettant d’être le geôlier de nos peurs.

    Yves Robert – La Chaux-de-Fonds, le 16 juin 2025

    à propos de Pierre Estoppey

    biographie

    Né en 1975 à La Chaux-de-Fonds.

    Après des études de lettres il se tourne vers l’illustration. En plus des techniques traditionnelles, il développe à partir de 2020 un procédé original basé sur le photomontage.

    C’est une sélection de ces travaux, d’inspiration fantastique, qu’il présente à l’Atelier Grand Cargo.

    travaux (sélection)

    Affiches pour La Plage des Six-Pompes, 2000-2001

    Collaboration avec la troupe de théâtre de rue Les Batteurs de Pavés, 2001-2021

    Collaboration avec la troupe de théâtre Tumulte, 2005-2014

    Collaboration au Journal du Haut, 2006-2011

    Participation à l’artbook Dragons, Spootnik Studio, 2007

    Collaboration au magazine Khimaira (littérature fantastique), 2007-2008

    Coups de griffe, récits de Bernadette Richard, aux éditions Presses du Belvédère, 2008

    Mode d’emploi ludique pour la montre Sea-Touch de Tissot, 2008

    Affiche pour la Fête du Cinéma, 2008

    Ni anges ni bêtes, récits de Bernadette Richard, éditions L’Âge d’Homme, 2010

    Au Jardin de Line, nouvelles de Alice Heinzelmann, éditions L’Âge d’Homme, 2014

    Collaboration au magazine Montres Passion, 2016-2017

    Pochette pour le groupe de rock Wrong Karma, 2018

    La chasse aux nuages, poèmes pour enfants de Bernard Waeber, éditions des sables, 2018

    presse

    affiche

  • Steve Litsios – un pingouin entre les pattes d’une girafe

    Steve Litsios – un pingouin entre les pattes d’une girafe

    petite exposition du 11 novembre 2024 au 1er juin 2025

    un pingouin entre les pattes d’une girafe

    détail – d’après une courte histoire d’Yves Robert

    Un pingouin entre les pattes d’une girafe – 2008

    Drôle d’image que celle de ce pingouin entre les pattes d’une girafe, quelque part au Serengeti, non loin de ce qui fut les Grands Lacs d’Afrique et très au sud, quelques centaines de kilomètres, de la faille du Riff – la tombe de mère Lucie.

    L’eau vient lécher négligemment les sabots de l’ongulé et le volatile s’amuse à se passer le bec entre les plumes, juste sous l’aile. 

    Les deux semblent indifférents au désastre qui se conclut sur la terre des derniers hommes.

    La tragédie avait commencé avec le souffle du nouveau millénaire. Les peuples impatients de leur pouvoir avaient conquis le vivant jusqu’au sommet des nuages.

    Les jets griffaient l’horizon et entraînaient des guerres ahurissantes où le couteau se brisait sur le missile.

    La foi s’affrontait en de multiples visages, prenant parfois l’allure triste d’une machine, parfois les yeux fous des certitudes.

    Et de partout montait une fumée sombre qui s’installa comme un couvercle. 

    Les pôles disparurent et les pingouins, flottants au gré des vagues, parvinrent vers un rivage habité par de grands animaux au cou si long qu’ils leur semblèrent d’abord, être des arbres.

    Finalement, il ne resta qu’une girafe et un vieux pingouin. 

    Intrigués, amusés, ils regardent l’eau qui monte lentement. 

    Ils restent ensemble, non qu’ils puissent s’accoupler, mais à cause du réconfort apporté par la présence de chacun.

    Ils sont les derniers témoins de la gloire passée des hommes. 

    Un pingouin entre les pattes d’une girafe…

    Yves Robert

    Steve Litsios en quelques mots

    Après avoir vécu pendant plus de 30 ans dans la ville de La Chaux-de-Fonds, dans le Jura suisse, nous avons déménagé à Baulmes, un petit village situé au pied de la même chaîne de montagnes.

    On peut me trouver en train de jouer des os rythmiques et des planches à laver avec Organic Jug ainsi qu’avec d’autres amis musiciens qui faisaient auparavant partie du groupe Swamp Train ainsi que de Floyd Beaumont & the Arkadelphians.

    Je dessine, j’esquisse, je peins et je sculpte parfois, et ce, depuis plus de 50 ans. Cela dit, je m’intéresse davantage au processus – ce qui se passe lorsque l’on travaille avec un matériau donné – qu’au résultat. Cela a compliqué la tâche des galeries avec lesquelles je travaille ; la plupart d’entre elles voulaient des œuvres similaires à plusieurs reprises…

    Les déclarations d’artistes ne sont qu’une autre façon d’être mis dans une boîte et d’être copié et collé chaque fois que quelqu’un a besoin de remplir un espace vide quelque part. Heureusement, cela n’arrive plus beaucoup aujourd’hui.

    Mais que serait un artiste sans déclaration ?

    Les mots sont des mots, l’art était visuel, mais il est maintenant aussi des mots. J’aime les mots.

    Steve Litsios

  • Pascal Bourquin – 9 encres de Chine

    Pascal Bourquin – 9 encres de Chine

    petite exposition de 9 encres de Chine représentant des paysages de forêts et de falaises – dès le 6 avril jusqu’au 9 juin 2024

    La foresta 97 2023

    presse

    biographie

    • Pascal Bourquin
      est né en 1970 à Southampton (GB), il vit et travaille à La Chaux-de-Fonds après avoir grandi à Saignelégier. Cet artiste est diplômé de l’EAA de La Chaux-de-Fonds en 1993.
  • Maoro, retour du Caire

    Maoro, retour du Caire

    petite exposition de quatre œuvres de Maoro Frascotti – du 6 novembre au 10 décembre 2023

    à propos

    biographie

    • Maoro Frascotti
      est né à La Chaux-de-Fonds en 1957. Il est le fils de Giovanni, propriétaire d’une entreprise de peinture en bâtiment et d’Albina, couturière.
  • Pascal Nordmann – exposition 2022

    Pascal Nordmann – exposition 2022

    un siècle de gloire – du 28 avril au 22 mai 2022

    phonogrammes et cinéma

    Les images exposées sont une sélection de photogrammes (images photographiques dont est constitué un film) extraits du travail d’animation réalisé en informatique par Pascal Nordmann.

    Un emplacement cinéma est aménagé au Cargo permettant de visionner le film dans les meilleures conditions.

    dans ce temps…

    Dans ce temps où se dessine le retour des ombres néfastes, où le grondement n’est plus simplement le glissement d’un fleuve sur la plaine, mais l’écho des lueurs d’incendies au-delà du ciel à l’Est… dans ce temps, il est nécessaire de se souvenir que ce qui c’est déjà produit aura toujours la tentation de renaître.

    Le savoir, c’est donner l’espoir de tenir à distance ce que nous ne voulons plus jamais revoir.

    Le moyen est de conserver intacte notre curiosité et de veiller à nourrir notre humanité avec tous les petits bouts de bizarreries, d’étrangetés, de différences, d’altérités et de bonheur que nous pourrons trouver sur le chemin.

    Nous n’avons pas d’autres ambitions en accueillant le travail d’artistes tel que Pascal Nordmann à l’Atelier Grand Cargo.

    Yves Robert

    La manière parle autant que les mots dits

    Ces paysages, ces images, sont ceux de l’Europe d’autrefois. Un siècle. Presque rien. Réutilisation de cartes postales, d’encarts publicitaires. Photographies d’engins mécaniques appartenant à l’histoire. C’est la voix de l’auteur qui nous conduit à travers ce dispositif.

    L’animation: c’est presque rien. Pas de grands effets numériques. Seulement ce que la petite boîte à outils basique de l’amateur d’informatique permet de faire. Rien de plus.

    Les collages, animés par le souffle de l’auteur, des calculs d’une simplicité enfantine. Des personnages venus de la peinture de maîtres qu’ils soient du vingtième siècle, qu’ils soient plus anciens. Miro, Max Ernst, Pablo Picasso, Paul Klee, Jérôme Bosch … 

    La musique naît du mélange des voix. Utilisation de bruits. Goutte de pluie. Chutes de pièces de monnaie. Elle peut aussi venir de la petite caisse à ritournelles électronique qui imite si bien les instruments de musique, que l’on fait chanter en posant des notes sur une portée selon une arithmétique enfantine. Mais connaît-il la musique ?


    Pour parler du désastre, du plus grand naufrage: rassembler des instruments pauvres. Textes, images anciennes, voix de l’auteur, cartons superposés qui défilent à l’écran.

    les intentions

    « Il ne s’agit pas de montrer l’indicible ou de faire œuvre documentaire. Que l’on ne s’attende pas à trouver des images de l’innommable. Le propos est de l’ordre du deuil, de la méditation, voire de la prière ou même de l’imprécation, tout ce qui, dans la mémoire consciente, accompagne le souvenir pour le rendre supportable ou tout au moins faire comme si cela pouvait être supportable. » 

    Pascal Nordmann

    biographie

    • Pascal Nordmann
      Pascal Nordmann a vécu entre Genève, Paris et Detmold, dans le nord de l’Allemagne, où, en 1986, il fonde une compagnie de théâtre, le « Chairos Theater », qu’il dirige durant dix ans et pour laquelle il écrit des textes, met en scène et crée décors et accessoires.

    trilogie de la gloire

    Dans une fête des couleurs, des sons, des mouvements, à travers une série de 156 images en hommage à Max Ernst, Pablo Picasso ou Paul Klee, Pascal Nordmann met en scène la mémoire du désastre afin de l’offrir, dans un geste de défi, aux tenants de l’éternel retour, des gloires nationales et des vieilles lunes dévoyées.

    Les trois parties représentent trois volets d’un travail sur le même événement du XXème siècle: le génocide allemand perpétré contre les juifs européens.

    Chacun des volets, construit autour d’un point central, comprend une exposition de 52 images, un court métrage de 18 minutes et un livret de 64 pages aux Editions de la Fondation Auer, contenant texte et images.

    • Un siècle de gloire
    • Après la gloire
    • A côté de la gloire 

    un regard

    Erigé comme un petit mémorial, l’oeuvre de Pascal Nordmann fait penser à ces cailloux que l’on laisse sur la tombe d’un être proche ou, plus simplement derrière soi afin de retrouver sa route si l’on venait à s’égarer. 

    Comme le dit l’artiste, le travail de mémoire n’est jamais abstrait, tant il est accompagné par divers types d’émotion et, dans ce cas précis, d’émotions lourdes si l’on me permet ce barbarisme. 

    La Trilogie de la gloire pourrait ainsi être comprise comme la mémoire de la mémoire, tant elle montre l’impact des événements d’autrefois sur ceux qui ne veulent, ne doivent ni peuvent oublier. 

    Ainsi, le propos dépasse le contexte du seul génocide juif pour devenir une sorte de méditation sur le mal en général. 

    Emeline Cusin

    soutiens et partenaires

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  • Maoro Frascotti – exposition 2021

    Maoro Frascotti – exposition 2021

    les toits de Paris  – du 7 mai au 30 juin 2021

    à propos

    Le Cargo présente sur son grand mur et durant l’année 2021 les travaux de trois artistes, soit Grégoire Müller, Maoro Frascotti et Rolf Blaser

    Le principe est d’exposer et de mettre en évidence une œuvre ou une thématique unique

    Maoro Frascotti présente une impressionnante et magnifique aquarelle 

    biographie

    • Maoro Frascotti
      est né à La Chaux-de-Fonds en 1957. Il est le fils de Giovanni, propriétaire d’une entreprise de peinture en bâtiment et d’Albina, couturière.

    description

    les toits de Paris, un polyptyque au format 315 x 274 cm 

  • Grégoire Müller – Prix de l’Institut neuchâtelois 2021

    Grégoire Müller – Prix de l’Institut neuchâtelois 2021

    exposition

    Le Cargo présente sur son grand mur et durant l’année 2021 les travaux de trois artistes, soit Grégoire Müller, Maoro Frascotti et Rolf Blaser

    Le principe est d’exposer et de mettre en évidence une œuvre ou une thématique unique

     Grégoire Müller présente un impressionnant et stupéfiant lutteur Sumo 

    biographie

    • Grégoire Müller
      Grégoire Müller est né à Morges le 23 février 1947, il termine sa maturité (latin – grec) au Collège de Saint-Maurice et quitte la Suisse pour s’établir à Paris en 1965. Il fréquente l’Académie de la Grande Chaumière, devient assistant de César et critique d’art dès 1966. Il vit les événements de mai 68, rejoint New-York en 1969 et commence son parcours américain.

    laudatio de Grégoire Müller

    Faire le portrait d’un peintre, c’est une gageure. Un peu comme de risquer celui d’un écrivain à travers l’analyse de ses personnages. Le « Madame Bovary, c’est moi » de Flaubert ne marche pas avec les images créées par Grégoire. Est-il ce poignard peint sur fond noir, ce bonze en feu souriant comme Mona Lisa, ces corps sacrifiés à l’ignominie barbare  du commerce de la guerre ? Est-il tout cela un peu ou ses toiles ne sont-elles là que pour recouvrir autre chose ? 

    Si tout cela nous démontrait plutôt que ce qu’il nous donne à voir n’est qu’un drapé baroque jeté sur les sacrifices carnavalesques de la réalité ?

    – Où est donc Grégoire ?

    La même question a été posée dès la petite enfance à ses parents bien empruntés pour y répondre. Le père, artiste sculpteur, et la mère bohème, trouvent des excuses à leur lâchage, persuadés qu’ils sont que leur tâche et leur mission est ailleurs que dans le rôle de parents.

    – On l’a placé chez ses grands-parents, à Morges. Ils ont une belle et grande maison. « Grégoire sera plus heureux avec eux qu’avec nous ». 

    C’est ainsi qu’on crée des existences flottantes dans le bain amniotique d’une réalité qui lâche, qui ne tient à rien, qui cherche désespérément des repères, une manière d’être contre l’innommable de cette épreuve d’artiste, l’enfance hors du giron de papa et maman. En 2017, pour ses 70 ans, Grégoire revient avec pudeur sur cette enfance dans son récit La maison de Morges

    – Il est où Grégoire ?

    Il est là aussi, beaucoup, dans ses livres : 11 publications à ce jour, dont 7 à teneur largement autobiographique. Grégoire n’en finit pas de se raconter, non pas qu’il se trouve plus intéressant qu’un autre, mais, comment dire, il s’agit pour lui de laisser des traces, les siennes, faites à la main, comme les premiers figuratifs d’Altamira et de Lascaux ; on naît tous dans une caverne et on y finit aussi, ainsi va l’humain. Le nôtre, ce Grégoire Homo sapiens, n’en finit pas de s’interroger, parce qu’il s’est laissé porter par le feu, et qu’il sait qu’un tison, tenu à bout de bras, laisse une empreinte hasardeuse, parfois fugitive, une empreinte qui explore le lien ténu entre la vie de tous les jours et le chant des pistes, le beau chant de l’humanité. Et quand le tison répand de son noir sur la toile, sur la jute, sur la pierre, ce noir peut éclairer et raconter la naissance du charbon, mais avant lui la branche de saule, les chatons dansant dans l’aube frileuse, les feuilles tétant avidement la sève, la sève qui vient des racines, de l’humus des plantes plus anciennes, de leur décomposition…

    – Il est où Grégoire ?

    Il est à Paris, venu y faire son pirate. Un séjour raconté dans le livre « Sous les pavés » paru en 2019. C’est 1968, la castagne et les ateliers de peintres, les petits boulots et les rencontres, les amours jaunes et les crève-cœur sanglants. Il a 19 ans le môme et il est bien décidé à mettre de côté son enfance de petit-fils de bourgeois. Ça tombe bien : le monde mue. La peinture aussi, mais pas assez vite. Il apprend à dessiner, il écrit surtout, sur l’art, sur la mutation espérée, sur le grand désir de réinvention du monde.

    Harald Szeeman l’invite à Zurich pour l’assister à mettre en place une exposition qui fera date : « quand les attitudes prennent forme », une expo qui marque la reconnaissance du processus de création comme partie intégrante de l’œuvre d’art. Quand la main à la pâte s’expose avec le gâteau. Le monde mue. Beuys travaille du chapeau, Richard Serra enroule ses plaques d’acier rouillé…

    – Il est où Grégoire ?

    Il bosse dans l’atelier de Richard Serra justement, il l’aide à fondre des moules en plomb. On est à New-York, la ville de « Ramblings », un autre livre paru en 1996. Il y est arrivé avec sa première femme, deux valises et septante dollars. En sous-titre, son livre est explicite : « Art et survie à Manhattan », son quotidien pendant dix-sept années. L’art partout, il rencontre tout ce qui se manifeste entre la contre-culture des années septante et le post-modernisme des années 80. Les noms de ses proches ? En voici quelques-uns triés sur le volet : Andy Wharol, Bob Rauschenberg, Sol Lewitt, Phil Glass, William Burroughs…

    C’est que Grégoire est devenu incontournable dans son rôle de critique. Il est rédacteur à Arts-Magazine, revue branchée s’il en est. Il signe son premier livre en 1972 The new Avant-garde. Il a une première fille, Francesca, avec sa deuxième épouse coréenne. Le beau monde lui est ouvert. Tout semble rouler pour lui, sauf que la promesse qu’il s’est fait à lui-même, adolescent de quinze ans, il l’a oubliée. Alors, pour retourner à la peinture comme on retourne dans la grotte de sa croyance initiale, Grégoire lâche tout : femme, enfant, situation enviable dans la presse. Je le cite : « Je veux me défaire de ce que j’ai accumulé pendant ces trois ans : appuis, influences et autres relations… Pour repartir, anonyme et en solitaire, sur la voie de la peinture. »

    – Il est où Grégoire ?

    Grégoire peint. Dans un loft fréquenté et squatté par une faune interlope. Il y a son colocataire, Olivier Mosset et sa Harley Davidson, Ornette Coleman qui vient répéter avec son groupe. Il y a les sorties, les soirées givrées, les nuits poudreuses, quelques expos, quelques toiles vendues, la recherche obstinée de la figure comme nouvelle voie possible de la peinture. Un bel article dans le New York Times, la rencontre avec Pascal qui devient la mère de Saskia puis plus tard de Mischa Laura. Une autre expo très remarquée. Tout va bien. Trop bien ? Pour Müller, c’est le moment de mettre les voiles.

    – Il est où Grégoire ?

    A La Chaux-de-Fonds… Il s’y est installé il y a 34 ans. Avec son prénom de premier chrétien allumé, avec sa barbe de maître zen, avec sa femme d’Amérique aux yeux de lampes à huile dans les mines de plomb, avec son équilibre de derviche tourneur, avec son parler de griot du comptoir au café des arts, Grégoire peint, dessine, malaxe, évoque. Et son débit de toiles — qui sont comme des mots de la profération tribale — marque et souligne notre pénombre, d’une noirceur étale, prise souvent dans le registre même du coton ou de la jute, comme si la nuit seule pouvait être éclairante. Mais d’un revers de veston, Müller balaie nos truismes en cimaise et tranche dans le vif comme dans les habitudes, il peint et dessine, parce que c’est comme ça : une évidence. Ça se fait à l’horizontale, à même le sol, pour se soucier toujours de la planète terre et de l’humus, et du tatami sous les pieds. Car le bonhomme est initié aux arts martiaux : 5ème dan de karaté, vers la maîtrise du corps et de l’esprit comme les samouraïs qui ont inspiré cette pratique, avec leur code d’honneur des vertus parmi lesquelles figure le courage : Ce courage qui nous pousse à faire respecter, en toutes circonstances, ce qui nous paraît juste et qui nous permet, malgré nos peurs et nos craintes, d’affronter toutes les épreuves.

    Autre vertu des samouraïs : la modestie et l’humilité. Et surtout : la droiture. Faire preuve de droiture, c’est suivre la ligne du devoir et ne jamais s’en écarter. Loyauté, honnêteté et sincérité sont les piliers de cette droiture. Fin de mon emprunt à Wikipédia.

    La ligne du devoir du samouraï, c’est aussi la ligne du peintre, ce qu’il appelle parfois la touche. Je le cite : « En soi, chaque marque est abstraite, tout au plus reflète-t-elle une technique. Mais lorsque le geste le plus minime trouve sa place dans la cohérence d’une composition, il signifie, comme un mot, un accent, une intonation. » Je rajouterai : une langue, une musique, des tons, une harmonie.

    – Il est où Grégoire ?

    Il est là dans son travail de karateka des arts. Dans sa ligne du devoir duquel nulle gloire n’est attendue, même pas un Prix de l’Institut, aussi justifié soit-il.
    Moi, il me gonfle Grégoire quand il parle de ses amis qui ont réussi. Les gagnants ne savent pas ce qu’ils perdent, ai-je envie de lui répondre, mais il le sait déjà, le gars qui peint sur du noir, au sol, dans la tranchée de l’art, à mille mètres d’altitude.

    – Il est où Grégoire ?

    Le vrai Müller, le Grégoire à la tour abolie, peintre en son île noire, a le cul entre deux arts, l’image et l’écrit, parce qu’il écrit le bougre et mille milliards de mille sabords, il le fait tout à fait juste, parce qu’il a le sens de la ligne, du dessin, des idées et pas peur de la gomme. Cet assemblage des mots et des craies lui offre d’étaler ainsi sa conception variable de la représentation mentale : ici le fauteuil de l’art plastique et là le prie-dieu de l’écriture. En jeu : la beauté. Je cite un extrait de son dernier opus, un roman encore manuscrit :

    La beauté, quand on ne fait que la cueillir pour la savourer, a une dimension égoïste, et ce, même si on la partage. Il faut savoir, au contraire, la dénicher où elle se cache, dans l’horreur même ; dans la vérité, aurait peut-être dit Kant !

    – Il est où Grégoire ?

    Il est n’importe où pourvu que la beauté puisse en surgir. Et, pour finir, encore un extrait dialogué de son dernier texte :

    – Fiches-toi de moi autant que tu le veux. Sans cette dimension qui nous relie au Mythe, avec un grand M -et ce, le plus souvent, à travers la folie et la mort, l’Art ne serait qu’un divertissement. Les grands artistes, j’en suis convaincu, incarnent cette dimension mythique. Ou mystique, comme tu veux… comme les saint d’antan !
    Jonathan lève son verre de Gin

    – Ceci est mon sang !

    – Il est où Grégoire ?

    Il est avec nous. Pour toujours. Merci à lui.


    Pascal Rebetez 

  • Grégoire Müller – 2020

    Grégoire Müller – 2020

    le monde tel qu’il se montre – éditorial du 1er octobre 2020

    un automne aux étranges couleurs

    Aujourd’hui, le temps est à l’automne avec sa nature aux étranges couleurs. La vie éclate en vain avant les froidures de l’hiver et se montre vêtue une ultime fois avec des habits de splendeurs. Geste inutile et pacotille d’artiste avant de tirer révérence. Certains jours le temps est à la douceur, mais le givre du matin indique clairement les premières mesures du « chant du cygne ».

    J’ai rencontré Grégoire Müller cet été et nous sommes montés à son atelier, un étage, pas si haut, mais des fenêtres sur l’échancrure des arbres avec une lumière transversale qui arrachait les couleurs de la surface des toiles, balançait crûment la réalité d’un monde sans innocence et m’indiquait que tout art est politique.

    J’étais dans l’antre d’un lutin malicieux, l’image semble facile, mais essayez toujours de prétendre qu’un homme est nain et vous aurez la surprise de découvrir un géant. La fragilité du corps et la retenue des gestes, une barbiche s’effilochant sur le temps déjà passé, toutes ces choses frêles n’indiquent en rien la solidité de l’âme et l’ancrage des propos. À l’évidence elles renforcent le contraste. Émotion et faiblesse sont des éclairs de lucidité que seul le cynisme occulte par stupidité, alors savoir regarder les traits fragiles demande une abnégation chargée de témérité et d’écoute. On découvre le paysage réel et les aspérités apparaissent avec leur tranchant, les vallons obscurs deviennent mystères et exigent exploration, un homme n’est plus cette surface un peu risible, mais soudainement un être plein, une « terra incognita » et il nous prend des envies de géographes.

    J’ai poursuivi la visite de l’atelier de Grégoire en suivant un cadastre mélangé d’époques et de manières, découvrant une multiplicité d’approches et de représentations du monde. Les toiles amples et magnifiques oscillaient entre plaisir, beauté, dureté et violence.

    Rien de ce qui est beau ou laid n’était dissimulé, l’horreur humaine y côtoyait le charme, la douceur s’affrontait à la déchirure.

    Je regardais discrètement ce curieux petit homme qui tirait une toile après l’autre afin de me les présenter et il me vint le souvenir d’une histoire, celle d’un personnage égaré dans la lande, la brume et le marais. Désespéré, les jambes prisent dans la boue, il s’écriait en vain :

    – Mon âme, mon âme, où te caches-tu mon âme ?

    Et tous les spectateurs de cette scène le croyaient victime de la folie sans qu’aucun ne comprenne qu’il était simplement à la recherche de son essence. Sachant l’avoir perdue, il courait après l’intégrité de son être et l’expérience de vie s’inscrivait dans le chemin parcouru et l’effort, et non dans sa réussite. Les témoins qui regardaient depuis quelques abris confortables aux murs solides et aux décorations illusoires, riaient des gestes englués de l’homme maladroit et ne s’inquiétaient nullement de leurs âmes à eux, estimant dur comme fer qu’elles étaient en sécurité dans les compromis.

    Ces bienheureux se couchèrent goguenards oubliant rapidement les errements de l’homme perdu.

    Mais nous savons qu’un jour il retrouvera cette âme et celle-ci sera accompagnée par des mille de mille autres, celles des petites gens qui étant au service des grandes gens n’avaient pas le temps de s’en occuper.

    C’est fou comme les petites gens perdent tout, alors souvent les bonnes gens doivent faire réprimande…

    Mais tenons-nous éloignés de cette facilité et posons cette question :

    – Peut-être que le rôle de l’artiste consiste à courir vainement après son âme sous le regard des autres ?

    Constatons qu’il n’y a pas de feu sacré dans cette quête, juste une abnégation, une solitude et la certitude que l’âme retrouvée sera rejointe par d’autres, que le partage sera universel.

    Petites gens, grandes gens, quelle importance devant la beauté du monde ?

    Sur le côté est vers la porte d’entrée était disposée une toile dont je suis tombé amoureux. Je me réjouis d’accueillir cette œuvre à l’Atelier Grand Cargo. C’est une grande toile sombre avec un cygne majestueux, les ailes déployées virant sur l’air et la nuit.

    Je ne sais pas si les cygnes survolent les terres durant les heures endormies, mais j’admire la blancheur de l’animal, trait suspendu dans l’air qui domine le noir et dont le cou tendu vers l’abime sonde les ténèbres.

    Je ne sais pas si les cygnes ont une âme, mais nous ferions peut-être bien d’y croire.

    La lumière n’existe pas sans obscurité, le travail d’un artiste se doit d’être complet entre caresse et griffure, sinon il ne restera que guimauve attirante.

    Grégoire Müller prend tous les risques, ne cache rien et nous dévoile le monde tel qu’il se montre.

    La Chaux-de-Fonds, octobre 2020

    Yves Robert

    biographie

    • Grégoire Müller
      Grégoire Müller est né à Morges le 23 février 1947, il termine sa maturité (latin – grec) au Collège de Saint-Maurice et quitte la Suisse pour s’établir à Paris en 1965. Il fréquente l’Académie de la Grande Chaumière, devient assistant de César et critique d’art dès 1966. Il vit les événements de mai 68, rejoint New-York en 1969 et commence son parcours américain.
  • Pierre Gattoni

    Pierre Gattoni

    posture – du 27 août au 13 septembre 2020

    peintures, dessins et sculptures

    biographie

    • Pierre Gattoni
      Pierre Gattoni est né en 1958 à La Chaux-de-Fonds. D’une trajectoire éclectique, son travail artistique navigue entre les tempêtes des arts vivants tels que le théâtre et la marionnette et les rives plus solitaires et méditatives des arts graphiques.

    éditorial

    presse

  • Pablo Fernandez – exposition 2019

    Pablo Fernandez – exposition 2019

    one time several spaces – du 8 au 24 novembre 2019

    à propos

    10 ans de collaboration entre le NEC et Pablo Fernandez, c’est un peu ces liens forts que « one time several spaces » vient célébrer, en proposant à son photographe la création d’une exposition. Une exposition non pas autour de son travail de suivi de l’ensemble mais comme auteur. Une exposition sans photos de musiciens dans la saison des 25 ans du NEC, une commande comme le NEC en fait régulièrement à des compositeurs. One time several places se veut donc un objet hybride, peu conventionnel interrogeant les liens entre sonorités et images; entre différentes sensibilités formelles autour du réel. Aux murs donc, exposé, un travail photographique de style documentaire avec ses logiques et cohérences propres; que le NEC, en collaboration avec les CMC et des élèves de la HEMNE va utiliser comme matériau à des créations musicales, des improvisations… Un peu comme si les photographies, leur organisation, leur accrochage était une partition ouverte, à interpréter… 

    one time several spaces

    A perte de vue… Il y a une route, du ciment sous les plaines, de l’espace entre deux ou l’on ne fait que passer, des lignes blanches presque toujours. Parfois le fil du télégraphe relie encore les poteaux demi renversés qui découpent le défilé de l’horizon. A l’approche des villes le vide du ciel est recouvert de tôle ondulée et les sémaphores dirigent les flux. Passent des gens accrochés pour la plupart à leur reflet sur écran indifférents. Ces endroits forment un paysage d’usage ou ne brilleraient que des vitrines mondiales, monuments éclairés et quelques réverbères au loin. J’ai pris la contre allée cherchant quelque chose du côté de l’ordinaire, presque de l’ennui. Au marges des lieux remarquables qui aspirent nos attentions, nos attentes. Ces lieux a conserver, consommables; dans les boules à neige; encore un peu avec les cartes postales et surtout dans les écrans. Nous voulons voir ce que nous sommes venus voir et en voir la conformité standard au souvenir attendu… Histoire domestiquée, consommable, sans histoire.

    Dans ces capitales qui sont toutes les mêmes devenues aux facettes d’un même miroir, ou tout s’ accélère dans le même temps liquide, dans l’agitation et la frénésie continues de ces moments uniques produits à la chaine, sans plus un instant d’arrêt, de répit;  “one time several spaces“, se donne comme une tentative, une recherche de ce temps suspendu, faible, comme un trou, un creux au coeur du déferlement. Mort de la chaise et selfies, mannequins dans les vitrines et défilé rituels. De la fenêtre de la voiture, les gens qui marchent le long des routes sont immobiles. Il ne se passe rien ou presque rien.

    Pablo Fernandez

  • Pascal Bourquin – exposition 2019

    Pascal Bourquin – exposition 2019

    peintures – du 29 août au 15 septembre 2019

    répression, nature et atelier

    L’exposition à l’Atelier Grand Cargo était un parcours débutant à Gênes avec la mémoire de la grande manifestation de 2001, le chemin se poursuivant par les ateliers de mécanique, les étangs jurassiens et se perdant dans les ombres de la forêt du Risoud et de la Combe Grède.

    éditorial

    Gênes, 20 juillet 2001 – mort d’un anarchiste

    biographie

    • Pascal Bourquin
      est né en 1970 à Southampton (GB), il vit et travaille à La Chaux-de-Fonds après avoir grandi à Saignelégier. Cet artiste est diplômé de l’EAA de La Chaux-de-Fonds en 1993.
  • Roberto Romano – exposition 2019

    Roberto Romano – exposition 2019

    necroscopia – du 14 avril au 6 avril 2019

    éditorial – le temps des intendants

    Nécroscopie ou observer dans le cadavre des choses mortes.

    Au-delà de la qualité esthétique des photographies de Roberto Romano, j’ai été immédiatement interpellé par la résonance fantomatique de ces lieux morts capturés en images, cadavres modernes et témoins de notre époque : le temps des intendants.

    Je ne saurais pas dire quand cela a commencé, mais un jour, ils étaient là. Ils avaient des sourires affables et serraient les mains de chacun comme s’ils s’entretenaient avec un ami cher. Pratiquant le pouvoir, ils furent de moins en moins concernés par le réel et devinrent de plus en plus redevables à une aristocratie gestionnaire. Leurs idéaux se mélangèrent jusqu’à devenir identiques. La foi dans une même religion économique en a fait d’excellents intendants qui redistribuent largement le produit des terres aux possédants et contraignent les citoyens à l’usure et l’économie.

    Pour les plus faibles, de ces manœuvres surgit la ruine.

    Drame sans importance tant que demeure l’illusion de la croissance et la perspective de sauvegarder le confort des plus méritants. Alors sur les périphéries se dresse inexorablement un paysage de décombres. Des villes sans hôpitaux s’assèchent, des régions perdent leurs industries, les jeunes tentent leur chance ailleurs, des usines deviennent des friches, les rues se délabrent et les magasins disparaissent derrière la face agglomérée de panneaux tagués et recouverts d’affiches. Lentement, nous nous habituons à cet état qui s’installe dans le quotidien, lentement cette image s’expose jusque sur les murs des musées et sur les parois des galeries – des ateliers comme le nôtre.

    Un jour, Roberto nous a présenté son travail et il est devenu évident que nous l’exposerions.

    Toutefois ne présenter ces photographies uniquement sur leurs valeurs esthétiques serait à mon sens un acte vain.

    Je veux croire qu’exposer ce réel de l’abandon nous permet de conserver, comme un devoir de conscience, la trace de cette humanité barrée d’un trait de plume aux actifs du bilan. Si les intendants s’évertuent à rendre les gens invisibles, cela est plus difficile avec les lieux où ces mêmes gens ont travaillé, vécu, aimé, joui ou souffert. Sur une des photographies de Roberto Romano, quatre assiettes sont restées sur une table, le reste est en ruine. Au-delà de la beauté, les décombres avec leur lumière, nous pouvons nous imaginer un repas interrompu, une discussion tue, la présence d’une famille ou d’amis, des artisans, des ouvriers. En bref un quotidien laborieux.

    Qui étaient-ils ?

    Nous ne le saurons jamais.

    Mais nous pouvons supposer sans trop nous tromper que c’étaient des gens simples, la modestie de la table et des chaises en témoignent.

    Pour ma part, je veux regarder dans la profondeur jusqu’à traverser ces splendides images et affirmer que les gens ne sont pas que des lignes comptables – ici vivaient des gens de sang, de pensées, d’os et de chair. Le travail photographique de Roberto Romano nous montre que le monde a été le monde, que du délabrement émerge toujours les lambeaux de la beauté et surnage la trace des existences.

    Lorsque nous avons choisi d’exposer le travail de Roberto Romano, les autorités n’avaient pas encore décidé de supprimer l’école de notre quartier, l’un des plus précaires de la ville. C’est maintenant chose faite. Même s’il est difficile de prédire l’avenir, l’hypothèse du délabrement doit être considérée comme probable.

    Dans quelques années, peut-être qu’un photographe aussi talentueux que Roberto Romano s’introduira dans les appartements vides, recherchera les meilleures lumières et nous livrera un travail qui nous rappellera qu’ici, joyeusement, des gens ont fait l’amour.

    Yves Robert

    14 mars 2019

    biographie

    • Roberto Romano
      Roberto Romano est né et a grandi dans le canton de Neuchâtel, Suisse. Photographe autodidacte depuis le début des années 1990, il se plaît à jouer avec les contraintes et les temporalités propres à la photographie argentique.

    à propos

    Cette exposition nous dévoile une Italie peu connue du grand public.

    Celle de lieux chargés d’histoire(s) qui sont laissés à l’abandon faute de moyens. Sanatoriums, grands hôtels, monastères et autres hôpitaux psychiatriques en proie aux dégâts du temps et au vandalisme.

    Chacun de ces lieux, au travers de ces photographies, nous invite à imaginer son histoire et ses acteurs passés.

    presse

  • Rolf Blaser – exposition 2018

    Rolf Blaser – exposition 2018

    peintures – du 24 mai au 10 juin 2018

    éditorial

    • Rolf Blaser, un voisin

      un voisin

      Pour moi, Rolf Blaser n’est pas un homme à se laisser connaître dès les premières minutes. Certainement qu’il promène un monde bien à lui lorsqu’il traverse une rue, un jardin, une forêt ou le trottoir d’en face.
      Si je parle du trottoir d’en face, c’est que nous avons été voisins durant plus de vingt ans. Moi dans le havre de mon appartement familial, lui avec son atelier souvent illuminé jusque tard dans la nuit.
      De ma cuisine je discernais les fenêtres opaques de son lieu de travail éclairé par les flashs photographiques ou la douceur d’un éclairage régulier.
      Ce qui se passait à l’intérieur restait un mystère, mystère qui s’ébréchait légèrement lorsque Rolf chargeait dans un véhicule une série de toiles emballées et destinées à la vente ou aux expositions.
      En réalité, je ne connaissais de son travail que les œuvres exposées et jamais je n’avais pénétré dans son antre – c’était un voisin discret.
      Malgré cela, on peut rapidement s’apercevoir que sa tranquillité dissimule un humour ravageur, un sens pointu de la dérision et un regard sur le monde exempt de toute innocence. Rolf est un caractère, un oeil acéré.
      C’est avec un immense plaisir et une grande curiosité que j’ai enfin accédé à son atelier dans le but de préparer avec lui et Catherine Meyer l’exposition à l’Atelier Grand Cargo.
      J’ai retrouvé dans les œuvres l’impression que l’homme m’avait laissée – l’absence de tricherie, l’intégrité, une ironie piquante et une place au rire, fut-il amer.
      Le portrait que nous avons choisi pour l’affiche est loin d’être sombre.
      Il restitue l’image d’un homme de notre temps fait de chairs et d’ombres, parfois de lumières et de transparences, de vie, de dépits et certainement de malice.
      Ce visage est devant un fond rouge comme exposé à la curiosité du spectateur – comme le reflet de la propre interrogation de Rolf Blaser sur la marche du monde – peut-être est-il aussi chargé de la troublante ressemblance entre le portrait et le peintre.
      Le travail de Rolf Blaser ne me laisse pas indifférent. Je ressens une impressionnante qualité, une précision du geste, le sens de la lumière et l’expression d’une humanité sensible.

    biographie

    • Rolf Blaser
      Rolf Blaser est né le 13 mars 1961 à Soleure. Il a vécu à La Chaux-de-Fonds depuis 1988 où il a travaillé comme peintre et dessinateur. Il nous a quitté le 25 mars 2024.

    presse

  • Jane – exposition 2017

    Jane – exposition 2017

    les peuples de l’Omo – du 18 mai au 25 août 2017

    présentation

    • Les peuples de l’Omo
      Les peintures présentées à l’occasion de cette exposition sont directement inspirées, non seulement par l’élégance des personnes composant la mosaïque d’ethnies vivant dans la vallée de l’Omo, située au sud-est de l’Ethiopie, mais aussi par leur destin tragique.

    presse

  • Yves Robert – exposition 2017

    Yves Robert – exposition 2017

    au jour le jour – du 29 mars au 9 avril 2017

    à propos

    Une exposition d’images capturées par Yves Robert, auteur et metteur en scène. 
    Un journal photographique sur une année… Une image par jour avec un téléphone portable, soit 365 images au fil de son quotidien, de ses déplacements, de ses envies ou… de son manque d’inspiration… du jour !

    édito – éternels curieux

    Ne sommes-nous pas d’éternels curieux ?
    Pour ma part, je laisse trainer le regard – une manière d’appréhender le monde, la vie.
    En fait, je suis curieux de la lumière, le sujet vient après.
    La plupart du temps, je ne construis pas le cadre en fonction de ce qu’il peut ou doit contenir, mais en regard de cette sensation immatérielle (la lumière).
    La plupart du temps… car il faut bien l’avouer, dans une chronique journalière, les conditions idéales sont rares et les instants magiques appartiennent à une chance de pendu.
    Le « tous les jours » contient en soi la banalité, le déjà-vu et la monotonie.
    C’est le monde dans lequel je vis et il n’y a aucune raison de détourner la tête, de fuir son humanité, sa tendresse, sa haine, sa laideur, sa beauté et son silence fait de grabuge .
    Dans le monde réel qui est le mien, à côté des trains, des gares, des avions, des métros, des rues, des fontaines et encore mille autres choses, on a inventé un téléphone qui prend des photos.
    C’est bien ma chance, moi qui ne suis pas photographe.
    Alors, j’ai regardé comme on téléphone – avec de la désinvolture, du sérieux, par erreur, avec des faux numéros, des bonnes ou de mauvaises nouvelles, des amis, des confessions, des instants volés, des inconnus, des colères, des fuites, des collisions… la vie, le bordel, quoi !
    Je vous propose de regarder ce que j’ai vu, je vous propose de découvrir le travail, non d’un photographe, mais celui d’un « regardeur ».

    biographie

    • Yves Robert
      habite La Chaux-de-Fonds en Suisse. Il est l’auteur de vingt pièces de théâtre, ainsi que deux adaptations de romans destinées à la scène.