à la dérobée

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L’Impartial – A la dérobée

Après les enfants, c’est au tour des grands d’avoir classe avec la Cie Fantôme.

A l’ABC, l’école fait son théâtre

Quand la compagnie Fantôme fait la classe, ça déménage! Le public a école dès demain soir au théâtre ABC, à La Chaux-de-Fonds, avec une instit lunaire, passablement allumée: la comédienne Christine Chalard. Sa leçon, d’une durée de 45 minutes, elle l’a rodée «pour de vrai» dans les classes primaires du Locle lors de représentations scolaires. C’est toutefois aussi à un public d’adultes que s’adresse ce spectacle aux multiples lectures, articulé autour des premiers émois amoureux, de la transgression et de la liberté… Des thèmes complexes pour un jeune public? Yves Robert, auteur et metteur en scène, en rigole: «Les enfants aussi peuvent éprouver des sentiments amoureux, de la jalousie. Eux aussi se demandent quels sont les mots et les gestes justes à adopter. Je fais confiance aux spectateurs, surtout aux plus jeunes d’entre eux.»

Poupées russes

L’homme de théâtre chaux-de-fonnier est un conteur: «J’aime entraîner le public dans des histoires qui s’emboîtent comme des poupées russes. Le but du spectacle n’est pas d’expliquer, mais de raconter…»

Tout commence «A la dérobée», titre de la pièce, avec l’arrivée impromptue d’une enseignante pas très académique. Chargée de remplacer la remplaçante d’un improbable professeur Schnitzel, la loufoque pédagogue s’échappe des règles imposées. Et parle aux élèves de la cité de Pompéi, du «Baiser à la dérobée» du peintre Fragonard, de son premier amour à elle. Tout est prétexte à colorier, à chamarrer le tableau noir.

Yves Robert aurait-il quelques comptes à régler avec l’institution scolaire? Même pas! «J’ai eu une scolarité semi-heureuse. Et si tous mes spectacles devaient être autobiographiques, je n’aurais pas survécu. D’ailleurs, mon héroïne ne fait pas de la pédagogie, elle joue du théâtre avec le plus de plaisir possible. Elle propose simplement à son auditoire un voyage, le temps d’une leçon; puis s’en va, laissant flotter derrière elle un parfum de rose, un souvenir.»

Lors des représentations scolaires, les directeurs de collèges jouent complètement le jeu en avisant les élèves par une circulaire de la venue d’une remplaçante. A l’ABC, les grands aussi auront droit à leur leçon pour de vrai. Mais Yves Robert n’en dira pas plus, suspense oblige. Le spectacle devrait partir ensuite en tournée dans d’autres écoles du canton. Néanmoins, que les parents et pédagogues se rassurent: par quelques astuces scéniques et une rencontre avec les élèves à la fin de la re- présentation, la frontière entre fiction et réalité est clairement balisée: «Il est nécessaire de démystifier les transgressions, de montrer la différence entre la vraie vie et le théâtre.»

Message bien reçu: «Dans les classes du Locle, tout le monde se marrait, les profs comme les élèves! A la fin, une fillette a eu cette réaction: «On n’a rien appris pendant cette leçon, faudra le dire à la direction!»

CATHERINE FAVRE

Écoles primaire de la ville du Locle, A la dérobée… spectacle en classe du 26 avril au 3 mai 2011