édito

  • nommer ce qui est
    Sur les scènes des théâtres, nous hurlons le monde avec l’espérance d’atteindre la vivacité lumineuse d’une de ces lanternes égayant l’obscurité. Dans le réel, nous détournons le regard vers un silence rassurant, un empêchement qui écarte les faux pas et les insolences, une distance garantissant notre place à la table de la grande famille culturelle, engraissant la prudence afin de ne pas se métamorphoser en renégat. Nous dé-nommons ce qui est, espérant que la fiction du « c’est-comme-ça » prenne le pas et conforte la tranquillité. Mais le malheur veut, car c’est un malheur, que la parole s’échappe malgré soi, vague ou marée incontrôlable. Alors arrive le temps où il est impossible de ne pas nommer ce qui est.