Éternels curieux
Ne sommes-nous pas d’éternels curieux ?
Pour ma part, je laisse trainer le regard – une manière d’appréhender le monde, la vie.
En fait, je suis curieux de la lumière, le sujet vient après.
La plupart du temps, je ne construis pas le cadre en fonction de ce qu’il peut ou doit contenir, mais en regard de cette sensation immatérielle (la lumière).
La plupart du temps… car il faut bien l’avouer, dans une chronique journalière les conditions idéales sont rares et les instants magiques appartiennent une chance de pendu.
Le « tous les jours » contient en soi la banalité, le déjà-vu et la monotonie.
C’est le monde dans lequel je vis et il n’y a aucune raison de détourner la tête, de fuir son humanité, sa tendresse, sa haine, sa laideur, sa beauté et son silence fait de grabuge .
Dans le monde réel qui est le mien, à côté des trains, des gares, des avions, des métros, des rues, des fontaines et encore mille autres choses, on a inventé un téléphone qui prend des photos.
C’est bien ma chance, moi qui ne suis pas photographe.
Alors, j’ai regardé comme on téléphone – avec de la désinvolture, du sérieux, par erreur, avec des faux numéros, des bonnes ou des mauvaises nouvelles, des amis, des confessions, des instants volés, des inconnus, des colères, des fuites, des collisions… la vie, le bordel, quoi !
Je vous propose de regarder ce que j’ai vu, je vous propose de découvrir le travail, non d’un photographe, mais celui d’un « regardeur ».
Yves Robert