Thisbé et Pyrame

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La plus belle histoire d’amour de l’Occident est ici contée par un chien, un chien chanteur, un chien qui danse. Il mène à la rencontre de deux êtres, issus de peuples adverses, celui du Lait, celui du Cuivre. Par une fente, il fait sentir l’haleine d’une jeune fille de Cuivre, Thisbé, à un jeune homme de Lait, Pyrame. Malgré leur couleur différente et la haine apprise des deux côtés de la haute muraille qui les sépare, ils se trouvent dans le vide, juste sous les étoiles, dans le bouleversement de l’amour fou et du temps de marbre. Mais, ne sont-ils pas qu’une fresque effacée, arrêtés pour l’éternité dans un impossible baiser ?

extrait

Le Chien narrateur : Laisse parler la jeune fille. Quand on est amoureux, on écoute… Laisse parler la jeune fille.

Pyrame : Je ne te dirai rien d’autre de moi, si ce n’est que je porte un pantalon teinté de safran. J’ai dix-sept années. Je ne te dirai rien d’autre de moi, j’ai peur de t’effrayer par les traits de ma personne.

Le Chien narrateur : Il n’y a pas que sa personne qui est effrayante.

Thisbé : J’ai écouté le son de ta voix avec attention, je peine à trouver les mots pour réponse. J’ai peur… Là, tu me laisses parler, sans me couper, même si le silence s’installe comme un ami profite du confort de la maison bien entrenue, de l’âtre dans la cuisine avec les braises restantes du feu. Tu me laisses parler, même si le silence en dit plus que la parole, même si tu veux apporter une réponse… Tu as raison. Je suis une fleur des terres arides, des ravines. Souvent de nos pleurs, une pluie violente, nous les avons irriguées, et, chaque printemps comme par miracle, elles se couvrent d’une herbe tendre, de fleurs légères et ondulantes… Tu as raison, je suis une fleur aux pétales de cuivres. J’ai peur que cette couleur te fasse si grande horreur… Là, je me trahis… Si grande horreur que je voudrais l’atténuer par un bain, la diluer, la poudrer de farine ou la teindre de rouge pour que tu me confondes avec les filles coquelicots de ton pays. Si j’ai peur de te déplaire, c’est que déjà, je l’avoue… Je t’aime par le son de ta voix. Je suis jalouse de la beauté des tiennes, je crains de te paraître terne.

Le Chien narrateur : Aooooooooooow. Même belles, elles sont toujours à se croire laides. Les étoiles étaient moins compliquées, elles se savaient simplement brillantes, quand nous les avons enfourchées pour engendrer les galaxies.

Thisbé : Quelle sera la nature de ton regard, sur ma peau, à notre première rencontre ?

Pyrame : Elle pense à une rencontre.

Thisbé : L’instant sera magnifique ou cruel, une naissance ou une mort… J’ai peur.

description

texte intégral / Atelier Grand Cargo / cahier format A5 / reliure centrale avec deux agrafes / papier blanc 80gr.


une version « deluxe » sur papier spécial est disponible sur demande : CHF 8.–

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