
format A0 (84.1 x 118.9 cm) papier couché 100g/m2 / tarif vente direct CHF 15.– à l’Atelier Grand Cargo


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Le samovar : René, t’as jamais parlé le turc ?
René Gori : Non… Un samovar qui parle turc, c’est très rare.
Le samovar : T’as pas négocié le prix.
René Gori : Le marchand a offert des pistaches.
Le samovar : Et ?
René Gori : J’ai dit que j’étais un solitaire. Il a affirmé que tu ferais compagnie.
Le samovar : Je suis donc, un samovar de compagnie.
René Gori : Tu m’agaces… C’est qu’il parle. À peine sorti de la boutique, voilà qu’il s’installe dans ma tête. Il intervient à propos de tout et de rien. Il s’immisce dans mes histoires.
Le samovar : Tes histoires, c’est du papier qui s’accumule. Quelle perdition… On va structurer tout ça.
René Gori : Quand il m’agace, je m’enfuis sur l’île de Texel, dans la Frise. Là-bas, je papote avec les scarabées extensibles. Curieux de prendre des nouvelles du passé et du futur.
Le samovar : Oui, mais le turc ?
René Gori : Je possédais la peinture d’une odalisque qui baragouinait l’ottoman.
Le samovar : Elle est au grenier, de la poussière sur le cadre.
René Gori : Une grande odalisque.
Le samovar : Tu en avais des petites… Collectionner les odalisques a été son violon d’Ingres durant plusieurs années… Mais comme tu ne finis jamais ce que tu entreprends.
René Gori : C’est le rythme des saisons, l’été abandonne ses chaleurs, l’automne laisse tomber ses feuilles, etc.
Le samovar : Un peu de constance ferait du bien.
René Gori : De la discipline ?
Le samovar : Passer l’aspirateur.
René Gori : Ah ?
Le samovar : Les tapis se plaignent. Le soir, quand tu n’es pas là, c’est une conversation interminable.
René Gori : Ah ?

texte intégral / Atelier Grand Cargo / cahier format A5 / reliure centrale avec deux agrafes / papier blanc 80 à 100 gr. / CHF 5.– pcs.
une version « deluxe » sur papier spécial est disponible sur demande : CHF 8.–
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Petit traité de la marche au désert, ou propos sur la bipédie qui permit aux hominidés de sortir d’Afrique, Où vont les paroles quand le vent les emporte ? est un texte de fiction assemblant des faits réels et des situations vécues par l’auteur au Sahel.
Au désert, la nuit, un groupe d’hommes et de femmes épuisés marche vers une frontière de sable. Rencontre de hasard où le narrateur croise 21 destins, tous différents, tous semblables devant l’épreuve : Bachir, Koundou, Oluwakémi, Aboubakar devenu Abdoulaye en changeant de pays…
Dans ce récit, le narrateur accueille la voix d’une jeune femme, tantôt adulte, tantôt petite fille, traversée par une autre voix, celle d’une mère folle, qui raconte l’excision, le mariage forcé et l’empoisonnement du mari.

texte intégral / Atelier Grand Cargo / cahier format A5 / reliure centrale avec deux agrafes / papier blanc 80 à 100 gr. / CHF 5.– pcs.
une version « deluxe » sur papier spécial est disponible sur demande : CHF 8.–
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Deux survivants d’Hiroshima, les Hibakushas, s’entretiennent avec Robert Oppenheimer, considéré comme le père de la bombe atomique. Un scientifique de génie, idéaliste et psychologiquement fragile. Passionné de culture, grand connaisseur de la poésie, il lit la Baghavad Gita dans le texte et s’exprime dans un français parfait, Oppenheimer s’est interrogé – trop tard – sur sa monstrueuse création. Par-delà la mort, il discute et argumente avec les victimes de la bombe A.
À l’heure où ce personnage fascinant revient sur le devant de la scène, à travers des livres et bientôt un biopic que lui consacre le cinéaste Christopher Nolan, sorti sur les écrans cet été… cette rencontre improbable donne lieu à des points de vue qui s’affrontent : une Hibakusha révoltée, un ancien médecin Hibakusha qui cherche la paix et le physicien américain, particulièrement maltraité durant le Maccarthysme pour s’être opposé à la bombe H. Une réflexion sur les armes de destruction massive et la politique, sur l’éthique, la mémoire, sur des points de vue irréconciliables.
La pièce a été écrite pour les 50 ans d’Hiroshima en 1995. C’est la 1re fois qu’elle est présentée en lecture-spectacle.

texte intégral / Atelier Grand Cargo / cahier format A5 / reliure centrale avec deux agrafes / papier blanc 80 à 100 gr. / CHF 5.– pcs.
une version « deluxe » sur papier spécial est disponible sur demande : CHF 8.–
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Lors de la précédente lecture-spectacle (Le journal du silence), nous interrogions la mémoire perdue d’une alpiniste, seule survivante, après une terrible chute et la mort de son compagnon. Ce personnage devait choisir entre l’anesthésie de l’oubli ou la nécessité d’affronter le réel afin de connaitre la profondeur de sa culpabilité et retrouver la continuité de la vie.
Dans L’Essoufflement de l’Ange, le processus est différent.
Un ange, présent depuis toute éternité, se trouve confronté à une variante de la maladie d’Alzheimer, soit perdre la faculté de nommer ce qui est, et en définitive devenir une inexistence – une variation de la mort pour les êtres immortels. Il dialogue avec son compagnon, un ange fonctionnaire chargé de la tenue du Grand Bordereau des Choses, le livre où tout est inscrit. Leur amour est profond et sincère, alors les deux cherchent le moyen de s’adapter, de se comprendre et de se soutenir face à la dégénérescence qui approche.
Et comme dans le tragique sommeille toujours un clown, ils dialoguent avec humour et détachement, mais jamais sans tendresse, devisent sur la valeur des actes et du temps qui passent, évaluent ce que sera leur avenir.
Pour ces êtres éternels, la présence soudaine de l’éphémère oblige à une nouvelle gravité.
Et la gravité n’est pas la tristesse.

texte intégral / Atelier Grand Cargo / cahier format A5 / reliure centrale avec deux agrafes / papier blanc 80 à 100 gr. / CHF 5.– pcs.
une version « deluxe » sur papier spécial est disponible sur demande : CHF 8.–
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Grand Cargo vend ses affiches – à retirer à l’Atelier

le chocard : Suffirait d’un désenchantement du vent, une inattention, une défaillance… pas de travers, un écart, l’élégance se ponctue d’une vrille.
La vie se fracasse mille mètres plus bas dans les éboulis… une inattention, une turbulence.
La montagne ne remarque pas le temps qui passe.
Une insouciante, une coquette, une dédaigneuse, entre les moraines, les névés, les fissures du granit, sous l’à-pic des vertiges et dans le gel des cascades de glace, l’éternité s’égare.
La montagne s’en fout, elle, elle demeure.
Silence, nuées, nuages qui passent
il regarde la femme
Encore inconsciente, à croire qu’elle ne sait faire que ça, la fille, la fille fracassée. Elle marchait avec un homme habitué aux chemins creux de la mort… elle ne s’en souvient pas.
Lui, un habitué de l’inexistence.
On croit qu’elle guette, l’inexistence, ce n’est pas vrai, elle précède, puis un jour, elle attend, faucheuse indélicate, un brin de paille en bouche, mâchonnant sans impatience, elle attend comme on attend un bus.
Pour l’instant, je reste à côté d’elle, elle se réveillera, elle cherchera des réponses… voilà, elle se réveille.
la femme : Dans les bourrasques, à l’aide d’allumettes, fragiles, on espère la lumière retrouvée d’une lanterne…..
le chocard : C’est du délire.
la femme : ..… se dévoilerait les habits de perdante, les journées couleur de cendre. Toute une obscurité sans que je me souvienne, toute une nuit… et ce matin, la journée s’étire, un rideau d’opaline, une déchirure de plus sur la longue litanie des ténèbres, toutes les nuits du monde… je ne me souviens de rien
un instant inconsciente, le chocard siffle.
le chocard : Vivre sans se souvenir ?

texte intégral / Atelier Grand Cargo / cahier format A5 / reliure centrale avec deux agrafes / papier blanc 80 à 100 gr. / CHF 5.– pcs.
une version « deluxe » sur papier spécial est disponible sur demande : CHF 8.–
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format A0 (84.1 x 118.9 cm) papier couché 100g/m2 / tarif vente direct CHF 15.– à l’Atelier Grand Cargo

Mille fois recommencée, une vie c’est mille fois recommencée. Puis un jour, pas trébuché, culbute, la grande culbute, fini, cœur en croix.
Ça nous arrive à tous, les yeux écarquillés entre les étoiles, pupilles posées sur le vide, mort, aussi sèche qu’une sauterelle. L’âme s’enfonce dans le sable, on ne sent rien.
Sénatrice ou banquière, on est bien obligé à redevenir modeste.
On retourne à la terre avec ce qui fut pris à la terre. C’est pour tous, la crainte de tous, la vie de tous. Je le sais bien, je fais partie de l’équipe.
Je tiens de ma mère et de mon père le droit de passage, le droit de voir mille horizons, de nager dans les bonheurs, de sombrer avec la tragédie.
En fait, le droit de vivre. La vie, c’est du bordel, et c’est pas mal.

texte intégral / Atelier Grand Cargo / cahier format A5 / reliure centrale avec deux agrafes / papier blanc 80 à 100 gr. / CHF 5.– pcs.
une version « deluxe » sur papier spécial est disponible sur demande : CHF 8.–
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format A0 (84.1 x 118.9 cm) papier couché 100g/m2 / tarif vente direct CHF 15.– à l’Atelier Grand Cargo


format A0 (84.1 x 118.9 cm) papier couché 100g/m2 / tarif vente direct CHF 15.– à l’Atelier Grand Cargo

Mille fois recommencée, une vie c’est mille fois recommencée. Puis un jour, pas trébuché, culbute, la grande culbute, fini, cœur en croix.
Ça nous arrive à tous, les yeux écarquillés entre les étoiles, pupilles posées sur le vide, mort, aussi sèche qu’une sauterelle. L’âme s’enfonce dans le sable, on ne sent rien.
Sénatrice ou banquière, on est bien obligé à redevenir modeste.
On retourne à la terre avec ce qui fut pris à la terre. C’est pour tous, la crainte de tous, la vie de tous. Je le sais bien, je fais partie de l’équipe.
Je tiens de ma mère et de mon père le droit de passage, le droit de voir mille horizons, de nager dans les bonheurs, de sombrer avec la tragédie.
En fait, le droit de vivre. La vie, c’est du bordel, et c’est pas mal.

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Je n’aime pas votre silence. Le silence, c’est quand on hésite ou qu’on méprise. Le silence, c’est l’abîme où se noient tous les mots du monde. Le silence c’est votre porte qui se referme. Le silence, c’est la guerre et son indifférence… Je veux garder des mots dans l’entrebâillement, vous ne pourrez pas fermer. Je veux mettre des étincelles dans mes mots. Vous ne pourrez pas refermer.
J’ai grandi avec les léopards, j’ai vu passer les interminables nuages de poussière sous le sabot des gnous, le balbuzard déployer son envergure. J’ai vu le chacal et la hyène attendre, se partager les reliques d’une carcasse. J’ai vu toute la savane désemparée avant que ne commence la mousson, alors, je sais la patience qu’il faut pour attendre la pluie. Je vous supplie d’attendre la pluie avec moi. La pluie, c’est des larmes qui viennent de loin… Pour la neige, je ne sais pas. Attendrez-vous ?
Je passe ma vie à attendre la pluie… Vous avez des silences, des griffures sur le temps qui passe. Ça déchire la peau là où ça fait le plus mal. Vous avez des silences qui me regardent comme des yeux… Et je ne sais plus comment me tenir.

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Il est né un jour, quelque part de quelque chose.
Quand ce quelque chose, c’est de l’amour, alors c’est pas mal. C’est la vie, le plaisir, la sueur… la folie.
En fait, ça ne commence pas le jour où on naît, ni dans les temps qui précèdent. Je veux dire quand les corps s’effondrent cloués au lit, quand la marée se dépose, faire l’amour, c’est pas mal.
Alors quand ?
Ce n’est pas la bonne question.
La question c’est : combien de naissances pour être un homme ?

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C’est le matin. Le matin de ma mort. Je vais mourir à midi à l’instant ou l’ombre sera unique, verticale.
C’est le matin où se figent le temps et le corps. L’ombre ne sera qu’Une, immobile, inflexible. Je crains d’être seule. Personne pour me tendre la main. Seule… Je n’aurai pas d’autre peur.
Il sera midi. Il y aura de la lumière, de la chaleur. Ne pas mourir le soir, ne pas se laisser aller comme la fin d’un jour. C’est au matin, au matin de ma mort. À midi, quand l’ombre ne sait plus où se tenir, je passerai.
Avant, je veux me souvenir des chemins, des erreurs. Le temps est compté. À peine une matinée pour retrouver la trace de mes pas sur le sable. Découvrir ce qui fut juste, ce qui fut faux. Mettre dans la balance les parcelles de ma vie, en dresser le cadastre précis. À midi, entrer dans l’ombre… L’ombre exacte, le milieu du jour.

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Cyrus Smith : C’est curieux votre histoire… Très curieux… Il se passe des choses ici… (Mais) Nous avons d’autres soucis. L’hiver approche. Les tempêtes seront terribles. La maison de brique sera soufflée.
Jules Pencroft : Faut forger des scies, abattre des arbres et construire une belle charpente.
Cyrus Smith : Notre acier n’est pas solide, nos outils sont fragiles. Il faut rapidement une maison de pierres… (Mais) j’ai une petite idée…
Harbert Brown : Expliquez-vous, Monsieur Smith.
Cyrus Smith : Avec la graisse des phoques, nous allons fabriquer de la nitroglycérine… Zim…
Harbert Brown : Badaboum… Oui, badaboum !
Jules Pencroft : De la nitroglycérine ?
Harbert Brown : Nitroglycérine ou éther trinitrique du glycérol ou trinitroglycérine ou trinitrate de glycérol ou trinitrine.
Jules Pencroft : Heu…
Harbert Brown : Un explosif puissant, particulier, liquide et dangereux. Au moindre choc : BOUM !

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format A0 (84.1 x 118.9 cm) papier couché 100g/m2 / tarif vente direct CHF 15.– à l’Atelier Grand Cargo / texte intégral du seul en scène : le lieutenant de guerre


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Nous sommes des solitudes qui se rencontrent. On couche. Deux dans le même pieu, mais on reste seul. Ça ne s’explique pas. On se caresse, nus avec nos sexes au bout des doigts. On se touche, on gémit pour de vrai, pour de faux. On fait la comédie des odeurs, des échanges, de la sueur, mais on reste seul. Tu as gloussé comme un dindon. T’avais l’air égaré. Tant que tu écoutes dans la chambre, je peux croire qu’un autre jour est possible. Que ça serait autre chose qu’un coup payant. Deux solitudes ensemble. Si tu remets ton pantalon. Il faudra bien que tu le remettes. Tu partiras, un regard rapide sur la commode. Pour ne pas oublier les clefs de la voiture ou d’autres choses. Je reconnais toutes les fermetures éclair rien qu’à leur bruit. Un geste rapide, toujours le même. Cette manie de vérifier que tout est à sa place. Ce besoin de sentir que vous repartez avec vos couilles. Tu passeras la porte avec le souvenir d’un nom de pacotille. Celui que je donne en pâture à mes clients. Le vrai, le mien, celui qui était sur le formulaire de baptême. Celui qui se nichait dans la bouche de ma mère. Je le garde comme un secret. Dans tes moments solitaires, je n’aimerais pas que tu jouisses sur l’image de mon ossature et mon vrai nom.

texte intégral / Atelier Grand Cargo / cahier format A5 / reliure centrale avec deux agrafes / papier blanc 80 à 100 gr. / CHF 5.– pcs.
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format A0 (84.1 x 118.9 cm) papier couché 100g/m2 / tarif vente direct CHF 15.– à l’Atelier Grand Cargo / texte intégral de l’étoile du Nord

Jacques Maraud : Tu me combats. Moi, je te hais. Ta personne est insignifiante, mais le risque que tu représentes est énorme. J’ai demandé à Émile de te liquider, j’espère qu’il le fera un jour, tu es une gangrène. L’odeur est sucrée, faudra couper. Pour le reste, ça va se passer comme ça, pas besoin de ce foutu télégraphe. Derrière l’attentat, il y a la Serbie. Derrière l’Autriche, il y a l’Allemagne. Derrière la Serbie, il y a la Russie. Derrière la Russie, il y a la France et derrière la France, il y a l’Angleterre. Tout ça, ça fait du monde qui voudra laver son honneur. Jaurès est un empêchement passager, une lourdeur au ventre, un ballonnement.
Raymond Pinchard : Le peuple de France est ouvrier. Il aspire à la vie simple, les enfants à l’école, des jardins potagers pour les légumes et un peu de temps le dimanche ou en été, pour un verre de vin, pour un peu d’accordéons le soir, pour un peu de partage, de fraternité, de dignité. Le peuple est simple et beau. Il ne voudra pas d’une boucherie.
Jacques Maraud : Le peuple souhaite la guerre, même s’il ne le sait pas encore. Quand viendra la curée, il hurlera comme un seul homme, une seule meute. Il hurlera pour l’odeur de la mort et la vengeance. Ça sera doux et beau au cœur. Il se lèvera une armée de patriotes assoiffés. Les grandes lessives se font avec la graisse et les entrailles des vaincus. Je ne connais pas d’autres méthodes pour fabriquer le savon.

texte intégral / Atelier Grand Cargo / cahier format A5 / reliure centrale avec deux agrafes / papier blanc 80 à 100 gr. / CHF 5.– pcs.
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Le travail d’écriture décline « Patronne et domestique » comme un système contenant plusieurs couches de récits.
La première est l’histoire de base, qui peut être racontée en 51 caractères, est le fil narratif qui relie les événements les uns aux autres, leur donne une cohérence et tient le spectateur en attente d’un dénouement. Les situations sont simples et les enjeux se comprennent aisément. L’ironie et l’imprévisibilité des comportements entretiennent la « ludicité » et un renouvellement des émotions.
Une strate différente raconte l’évolution de la relation entre les deux femmes avec les enjeux de séduction et de domination. Dans cet espace, il n’est pas sûr que la personne dominée soit celle définie par le statut social, car tous jeux de manipulations contiennent leur part de perversité. Les tensions sont fluctuantes et l’avantage de la position n’est pas toujours un gage de réussite. Là se situe le traitement psychologique.
Ailleurs encore se dessine une couche historique et culturelle qui raconte la place et les droits de chacune, évoque les éléments qui déterminent la position obtenue au cœur de la société, soit sur les versants où souffle l’air tiède de l’aisance, soit sur les pentes arides de la misère.
Plus en arrière, comme une fresque marine à la Turner dont on comprend la profondeur seulement avec du recul, nous discernons la possibilité de s’interroger sur notre propre position dans le monde et sur les choix assumés ou non de nos pouvoirs, de nos conforts et de nos soumissions.
Charlotte : C’est déjà ça. Des crevettes… Une baignoire pleine de crevettes, une baignoire qui déborde de crevettes… Avec leurs petites pattes… Se baigner avec les crevettes… Je suis fatiguée.
La domestique : Madame… Madame. Vous dormez ? Si je vous dis ce que je suis, vous penserez quoi ? Mes mots les uns derrière les autres. Sur un fil comme vous l’avez demandé. Je passe la porte de votre maison en entrant, en sortant. Je n’existe pas plus d’un côté comme de l’autre… Devenir votre amie ? Moins seule ? Vous voulez devenir mon amie ? Regardez-vous dormir. Vous avez trop confiance. Votre monde ne change jamais. Vous dormez sur du granit. Vous êtes une gisante sur un tombeau. Je pourrais glisser une ampoule de cyanure dans votre caquet et rabattre la mâchoire. Clac. Comment je pourrais raconter la vie qui est la mienne ? La crasse, les ruines, l’eau pourrie, l’odeur des pneus brûlés. Vous, vous avez des dessins sur les murs. Pour vous amuser, vous parlez des morts. Pour vous amuser… Et vous changez d’idée. La vie savoure la mort. Je viens d’un pays où les vivants regardent les morts dans le blanc des yeux parce que les morts sont partout et ça gêne personne. Nous disons : la vie savoure la mort. Dans votre monde, les morts se sont envolés, vous n’avez rien fait pour les retenir… Peut-être même que vous leurs avez donné des billets d’avions ? Chez nous la cérémonie est embrouillée parce qu’elle est faite pour ceux qui croient et ceux qui ne croient pas. C’est un tissu de rêves et réalités. Quand c’est fini, les familles se retirent et fabriquent un personnage de paille presque aussi grand que leur mort… Une poupée de paille. Ils la font boire toute la nuit, l’obligent à danser et abandonnent à ses pieds une bouteille d’alcool blanc… Au matin, la poupée exténuée se repose sur le côté de la porte des maisons et les touristes, comme vous, Madame, pensent que nous décorons nos entrées avec un art naïf et tout à fait charmant. Elles restent avec nous tout le temps du deuil. Elles somnolent dans un endroit où ce n’est ni la vie ni la mort. Elles somnolent. C’est au milieu. Personne ne sait exactement quel est cet endroit… Des fois je me sens… Moi, ici… Somnolente. Je vous raconte pour l’empathie. Je parle de la mort. Vous dormez. J’ai fait le voyage pour venir ici. C’est une porte étroite, il y a une sélection. J’ai fait une école où on apprend à être servile. Ma famille a dépensé tout son argent parce que c’était une chance. Un espoir. Une lettre de crédit qu’ils attendent chaque mois dans le bureau de la Western Union. Il y a un ventilateur au plafond. Il fait toujours chaud. Ils attendent. Chaque mois que je peux, j’envoie un mandat avec l’argent que je peux. J’ai l’air de me plaindre. Je ne devrais pas. Vous avez aussi vos problèmes… On peux pas demander trop, ce serait pas juste. Comme vous dormez… Vos seins se soulèvent… Vous êtes belle. Je suis petite. Je suis serrée de partout et c’est comme si tout voulait déborder de ce rétrécissement. Je fais de la sueur. Les habits frottent, grattent. Je suis une crevette, vous l’avez dit. Je suis une crevette. Ma peau est sale. Je voudrais vous prendre à la gorge et serrer. Vous penseriez que quelqu’un vous embrasse, (mais) quand le souffle manquerait… La vie savoure la mort… Folle.
Charlotte : Elle est émouvante… Les animaux quand ils sont petits… Les prendre dans les bras… Crevette, tu es si petite.
La domestique : Madame ? Vous m’avez écouté ? Madame… Madame.

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roman / 2014 / 11,5 x 16,5 cm / 164 pages / éditions d’autre part
Auteur d’une œuvre théâtrale foisonnante abordant notamment certaines zones d’ombre de l’histoire, à destination tour à tour de l’enfant et de l’adulte, Yves Robert signe son premier roman à la cinquantaine. La ligne obscure offre une étonnante plongée dans la question du personnage, parallèlement à une méditation sur l’art de la fiction. Charles B, venu de la finance, est atteint d’une maladie létale dégénérative ; il perd le sommeil et entame une errance existentielle qui fera resurgir sa part animale, comme un double en forme de léopard silencieux, méditatif et tueur.
Bertrand Tappolet (Le Courrier du 26 juillet 2014)
Le Neuchâtelois Yves Robert signe là un récit porté par un puissant souffle poétique. Mythes anciens et réminiscences personnelles s’y mêlent au long d’une ligne en clair-obscur.
Jean-Marie Félix (Entre les lignes, RTS, 27 mai 2014)
De fait, le récit arpente un espace géographique jamais nommé, mais aisément reconnaissable. Il perfore, en outre, les profondeurs de l’Histoire, pour relier l’esclavagisme d’hier, tel que le pratiqua le baron de Pury, aux réfugiés d’aujourd’hui.
Dominique Bosshard (L’Express-L’Impartial, 16 mai 2014)

par Jean-Marie Félix et lecture par Claude Thébert

Un spectacle à stations où les spectateurs déambulent dans les galeries comme dans un palais des miroirs souterrain. Une succession de scènes comme autant d’apparitions, de rêves illuminés. Du très petit au très grand, du très proche au très loin, toujours utiliser la géographie des lieux et toute la magie propre à la marionnette.
James Starr : Je n’y peux rien, aujourd’hui, je sais qu’un ingénieur est impuissant face à l’épuisement des veines. Dans cette mauvaise fortune, vous n’êtes pas seuls. Partout dans le monde, des mines de San José aux mines de Marcinelle, des usines d’asphaltes aux aciéries de Pittsburgh, des tissages de Lorraine aux champs de canne à sucre où se courbe l’homme d’Afrique, des ouvriers affrontent l’adversité avec le seul courage de leurs mains. Combien de mines, de manufactures n’ont-elles pas déjà renvoyé des hommes vaillants avec les poches et le ventre vide ? Rendus fragiles à leurs femmes et leurs enfants… Ici certains d’entre vous seront jetés sur la route. Ils connaitront cette misère et leur nuit sera plus profonde que la mine. Je n’ai pas su trouver plus de charbon, ni ma tête ni mes bras n’ont pu prolonger la vie de la mine. Notre grande famille va se disperser. Mais n’oubliez pas ce que nous avons vécu ensemble. Dehors, parfois, vous étiez des ennemis, mais sitôt dans le puits, vous étiez des frères. Pas même, les désastres et la peur ne pouvaient vous désunir. Aujourd’hui, la catastrophe est là, imprévue. Elle nous entoure et nous menace, alors gardez votre âme de mineur. Quand on a travaillé dans le souffle de l’autre, dans la sueur de l’autre, dans le soutien de l’autre, dans le courage de l’autre, on ne saurait être des étrangers. Sous le vent et la pluie, restez des hommes debout. C’est votre seule chance et c’est votre honneur. Adieu donc.
Simon Ford : Adieu, James Starr, notre chef, notre ingénieur et notre ami.
James Starr : À qui ? Cette voix ?
Simon Ford : Je suis Simon Ford, le contremaitre.
James Starr : Adieu, mon ami… Où irez-vous ?
Simon Ford : Ah, monsieur l’ingénieur, moi, je reste… Un abri, au fond de la fosse, une petite maison avec mon fils Harry et ma femme Madge, une maison dans la mine, bien à l’abri de la pluie et de la neige.
James Starr : Très bien Simon… Je crois qu’aujourd’hui est le jour, celui où je ferai connaissance avec l’alcool… comme une cascade… À votre santé… À votre refuge dans la mine d’Aberfoyle.

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postface Philippe Renaud | maquette Géraldine Cavalli | impression Montagna imprimeurs | format 19X12 cm | nombre de pages 160 | 2008
Edgar : Les ténèbres… Il sera difficile de lire…
Les voix du monde : Nous prions pour les douze hommes en mer ; entrés dans la tempête et la nuit.
Edgar : Le feu ! Je n’ai plus de feu… Qu’est-ce que je fais là ?
Les voix du monde : C’est toi qui sais.
Edgar : Le ciel ! Les étoiles se sont brisées.
Les voix du monde : C’est sous la terre, dans une cave. C’est dans une cellule de la Kommandantur.
Edgar : Le froid… La chaleur est perdue, le corps se recroqueville, parfois l’esprit revient.
Les voix du monde : Regarde autour de toi… Les murs sont gris, auréolés de salpêtre. Il y a un grillage d’aération avec un vent glacial.
Edgar : Je veux regarder plus loin, tant qu’il me reste du temps. Je veux, dans mes souvenirs, retrouver son odeur… Mais, j’ai presque tout oublié…
Les voix du monde : Nous sommes là, pour cela. Nous sommes là, pour ta mémoire.

Edgar : Les ténèbres… Il sera difficile de lire…
Les voix du monde : Nous prions pour les douze hommes en mer ; entrés dans la tempête et la nuit.
Edgar : Le feu ! Je n’ai plus de feu… Qu’est-ce que je fais là ?
Les voix du monde : C’est toi qui sais.
Edgar : Le ciel ! Les étoiles se sont brisées.
Les voix du monde : C’est sous la terre, dans une cave. C’est dans une cellule de la Kommandantur.
Edgar : Le froid… La chaleur est perdue, le corps se recroqueville, parfois l’esprit revient.
Les voix du monde : Regarde autour de toi… Les murs sont gris, auréolés de salpêtre. Il y a un grillage d’aération avec un vent glacial.
Edgar : Je veux regarder plus loin, tant qu’il me reste du temps. Je veux, dans mes souvenirs, retrouver son odeur… Mais, j’ai presque tout oublié…
Les voix du monde : Nous sommes là, pour cela. Nous sommes là, pour ta mémoire.

texte intégral / Atelier Grand Cargo / cahier format A5 / reliure centrale avec deux agrafes / papier blanc 80 à 100 gr. / CHF 5.– pcs.
une version « deluxe » sur papier spécial est disponible sur demande : CHF 8.–
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Delphine : Moi ? Grand-père dit que j’ai des yeux de chat… Papa m’appelle : ma petite grenouille… Maman dit : viens ma sauterelle.
Le hérisson : Quel charabia.
Delphine : C’est simple, je suis une fille qui a vu passer six étés.
Le hérisson : Je n’y comprends rien… C’est compliqué.
Le phasme : Non, c’est pas compliqué… Espèce de tarte. En comptant sur ses doigts. Six étés, ça veut dire, c’est une petite fille de un, deux, trois, quatre, cinq … Six ans.
L’escargot : Barzingue… Ce qu’elle est vieille.
Le hérisson : C’est toi la tarte.
Delphine : Silence… Je n’ai pas fini de me présenter. Moi, c’est… J’ai des yeux de chat… J’ai vu passer six étés… Je suis une grande fille de six ans… Je m’appelle ? Je grimpe sur les arbres, je vole les œufs dans les nids… J’aime bien les omelettes. Mon nom c’est ? Qu’un garçon tire mes couettes, vlam… Je lui claque les joues. Je me prénomme ? J’aime bien marcher en équilibre sur le mur du jardin entre les deux arbres… Les gardiens d’une forteresse… Mais je ne suis pas une princesse. Je suis l’aventurière, la voleuse, la pirate qui vient prendre le coffre aux pièces d’or… Et le saucisson dans la cuisine.
Le hérisson : C’est étonnant.
Le phasme : C’est fascinant.
L’escargot : Sont-elles toutes comme ça ?
Le phasme, le hérisson & l’escargot : Mais t’es qui toi, à la fin ?
Delphine : Une petite fille de six ans, la langue pas dans ma poche, comme disent les grands… De longues jambes, se croient sur le toit du monde, regardent de haut… Sont pas malins les grands. La langue pas dans ma poche, je sais où elle est.
Delphine tire la langue.
Vous voyez… Les grands sont pas malins. Sauf grand-père. Lui, y m’a appris à tirer la langue. Il faut se méfier des grands-parents, ils nous apprennent de drôles de trucs. Moi je serai une grand-mère terrible. Je ferai de la confiture aux crottes de nez, les tartines à la cire d’oreille et les lasagnes aux vieilles chaussettes.

texte intégral / Atelier Grand Cargo / cahier format A5 / reliure centrale avec deux agrafes / papier blanc 80 à 100 gr. / CHF 5.– pcs.
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préface Martine Walzer & Marcelino Palomo | maquette Géraldine Cavalli | impression Montagna imprimeurs | format 19X12 cm | nombre de pages 68| 2006
C’est une petite ville posée sur une plaine, c’est en Oklahoma, c’est une petite ville entourée par l’anse d’une rivière. Au début, il n’y avait rien que des herbes couchées par le vent et des nuages filant au ras des collines. Et puis un jour il y a un autre nuage, de la poussière, la colonne des chariots. Vous n’étiez pas encore né, moi non plus.
Alors, il y a eu une ville, dans l’anse d’une rivière.
Je viens de là.
Bien sûr, je n’y étais pas, ni même mes aïeux ou quelqu’un de proche, de ma famille. Nous étions encore en Europe comme la plupart d’entre nous. Nous sommes venus plus tard avec le début du nouveau siècle quand la petite ville avait déjà fait sa place et que les Indiens étaient déjà parqués plus loin dans les montagnes.
Mon arrière-grand-père, il est sorti d’un bateau d’émigrants sur la côte Est et un type lui dit que pour le boulot, il fallait aller en Oklahoma. C’est comme ça que ma famille s’est installée en Oklahoma parce qu’un type a dit qu’il y avait du boulot.
Pour mon arrière-grand-mère, ça c’est passé comme ça, elle venait de Grèce. C’est tout ce qu’on sait d’elle, elle venait de Grèce et un jour, elle est arrivée à la ville, et c’est comme si, tout ce qui avait existé avant, c’était effacé.
Elle a épousé mon arrière-grand-père parce qu’il avait du boulot. C’est tout. Ils étaient pas très regardants. Ils se sont mariés parce qu’il avait du boulot et qu’il avait envie d’une femme et qu’elle pensait qu’avec un type qui avait du boulot, elle n’aurait pas faim.
On pense ce qu’on veut, mais ils avaient d’autres soucis.

C’est une petite ville posée sur une plaine, c’est en Oklahoma, c’est une petite ville entourée par l’anse d’une rivière. Au début, il n’y avait rien que des herbes couchées par le vent et des nuages filant au ras des collines. Et puis, un jour il y a un autre nuage, de la poussière, la colonne des chariots. Vous n’étiez pas encore né, moi non plus.
Alors, il y a eu une ville, dans l’anse d’une rivière.
Je viens de là.
Bien sûr, je n’y étais pas, ni même mes aïeux ou quelqu’un de proche, de ma famille. Nous étions encore en Europe comme la plupart d’entre nous. Nous sommes venus plus tard avec le début du nouveau siècle quand la petite ville avait déjà fait sa place et que les Indiens étaient déjà parqués plus loin dans les montagnes.
Mon arrière-grand-père, il est sorti d’un bateau d’émigrants sur la côte Est et un type lui dit que pour le boulot, il fallait aller en Oklahoma. C’est comme ça que ma famille s’est installée en Oklahoma parce qu’un type a dit qu’il y avait du boulot.
Pour mon arrière-grand-mère, ça c’est passé comme ça, elle venait de Grèce. C’est tout ce qu’on sait d’elle, elle venait de Grèce et un jour, elle est arrivée à la ville, et c’est comme si, tout ce qui avait existé avant, c’était effacé.
Elle a épousé mon arrière-grand-père parce qu’il avait du boulot. C’est tout. Ils étaient pas très regardants. Ils se sont mariés parce qu’il avait du boulot et qu’il avait envie d’une femme et qu’elle pensait qu’avec un type qui avait du boulot, elle n’aurait pas faim.
On pense ce qu’on veut, mais ils avaient d’autres soucis.

texte intégral / Atelier Grand Cargo / cahier format A5 / reliure centrale avec deux agrafes / papier blanc 80 à 100 gr. / CHF 5.– pcs.
une version « deluxe » sur papier spécial est disponible sur demande : CHF 8.–
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Le Chien narrateur : Laisse parler la jeune fille. Quand on est amoureux, on écoute… Laisse parler la jeune fille.
Pyrame : Je ne te dirai rien d’autre de moi, si ce n’est que je porte un pantalon teinté de safran. J’ai dix-sept années. Je ne te dirai rien d’autre de moi, j’ai peur de t’effrayer par les traits de ma personne.
Le Chien narrateur : Il n’y a pas que sa personne qui est effrayante.
Thisbé : J’ai écouté le son de ta voix avec attention, je peine à trouver les mots pour réponse. J’ai peur… Là, tu me laisses parler, sans me couper, même si le silence s’installe comme un ami profite du confort de la maison bien entrenue, de l’âtre dans la cuisine avec les braises restantes du feu. Tu me laisses parler, même si le silence en dit plus que la parole, même si tu veux apporter une réponse… Tu as raison. Je suis une fleur des terres arides, des ravines. Souvent de nos pleurs, une pluie violente, nous les avons irriguées, et, chaque printemps comme par miracle, elles se couvrent d’une herbe tendre, de fleurs légères et ondulantes… Tu as raison, je suis une fleur aux pétales de cuivres. J’ai peur que cette couleur te fasse si grande horreur… Là, je me trahis… Si grande horreur que je voudrais l’atténuer par un bain, la diluer, la poudrer de farine ou la teindre de rouge pour que tu me confondes avec les filles coquelicots de ton pays. Si j’ai peur de te déplaire, c’est que déjà, je l’avoue… Je t’aime par le son de ta voix. Je suis jalouse de la beauté des tiennes, je crains de te paraître terne.
Le Chien narrateur : Aooooooooooow. Même belles, elles sont toujours à se croire laides. Les étoiles étaient moins compliquées, elles se savaient simplement brillantes, quand nous les avons enfourchées pour engendrer les galaxies.
Thisbé : Quelle sera la nature de ton regard, sur ma peau, à notre première rencontre ?
Pyrame : Elle pense à une rencontre.
Thisbé : L’instant sera magnifique ou cruel, une naissance ou une mort… J’ai peur.

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Le vent tombe et se recroqueville dans un silence léger, ce n’est pas l’été.
C’est la fin de l’été avec ses orages déjà évaporés.
C’est le basculement dans l’automne, encore chaud, l’automne d’avant les fraîcheurs.
C’est l’automne à l’air sec.
L’atmosphère est enfin balayée des poussières, et le regard porte loin, on a donné des lunettes à Monsieur Turner.
On distingue maintenant la trame du lin dans les voilures d’un navire à quai.
Même s’il est encore trop tôt pour aller plus loin, ils se caressent du regard et de la paume, comme on pétrit la terre du modèle.
L’apaisement est une grande fatigue mélancolique.
L’on dort éveillé, on est heureusement triste, ou plutôt on est tristement heureux.
On attend le réveil sans impatience.
On attend le matin où s’effilochera la douce torpeur.
C’est une maison de pierre.
Les chaises et la table sont en bois rugueux, une cafetière vide est posée dans l’âtre froid.
Le vent s’ébroue et dépose les premiers flocons de l’hiver sur les carreaux de l’entrée.
La porte est ouverte depuis plusieurs jours déjà.
Les chemins se croisent et se décroisent.
L’Europe n’est plus qu’un décor de toile peinte, il est mité, cassé, brûlé.
C’est une ruine envahie par la foule des figurants.
Les chemins se croisent et se décroisent…
Vladimir et Adrienne arrivent à Venise.
Au vent d’Orient, le vent des sortilèges.
Au vent d’Orient, le vent d’opium.

texte intégral / Atelier Grand Cargo / cahier format A5 / reliure centrale avec deux agrafes / papier blanc 80 à 100 gr. / CHF 5.– pcs.
une version « deluxe » sur papier spécial est disponible sur demande : CHF 8.–
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préface Francy Schori | maquette Géraldine Cavalli | impression Montagna imprimeurs | format 19X12 cm | nombre de pages 84 | 2004
Le vent tombe et se recroqueville dans un silence léger, ce n’est pas l’été.
C’est la fin de l’été avec ses orages déjà évaporés.
C’est le basculement dans l’automne, encore chaud, l’automne d’avant les fraîcheurs.
C’est l’automne à l’air sec.
L’atmosphère est enfin balayée des poussières, et le regard porte loin, on a donné des lunettes à Monsieur Turner.
On distingue maintenant la trame du lin dans les voilures d’un navire à quai.
Même s’il est encore trop tôt pour aller plus loin, ils se caressent du regard et de la paume, comme on pétrit la terre du modèle.
L’apaisement est une grande fatigue mélancolique.
L’on dort éveillé, on est heureusement triste, ou plutôt on est tristement heureux.
On attend le réveil sans impatience.
On attend le matin où s’effilochera la douce torpeur.
C’est une maison de pierre.
Les chaises et la table sont en bois rugueux, une cafetière vide est posée dans l’âtre froid.
Le vent s’ébroue et dépose les premiers flocons de l’hiver sur les carreaux de l’entrée.
La porte est ouverte depuis plusieurs jours déjà.
Les chemins se croisent et se décroisent.
L’Europe n’est plus qu’un décor de toile peinte, il est mité, cassé, brûlé.
C’est une ruine envahie par la foule des figurants.
Les chemins se croisent et se décroisent…
Vladimir et Adrienne arrivent à Venise.
Au vent d’Orient, le vent des sortilèges.
Au vent d’Orient, le vent d’opium.