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  • retour de Gênes – le bavardage

    retour de Gênes – le bavardage

    présentation du texte de bavardage présenté au Cargo concernant la résidence à Gênes et les travaux d’écritures – ce texte doit être pensé comme l’amorce d’une discussion entre amis

    le bavardage, une manière de causer à propos de Gênes et de l’écriture

    Un voyageur est perdu par essence.

    Décontenancé, il cherche des points d’appui, des lieux de rencontres.

    De surcroît, lorsque ce voyageur ne parle pas la langue du pays visité, tout devient compliqué jusqu’au jour où il comprend qu’il suffit de faire semblant, de faire beaucoup de gestes et d’écouter la musique des mots inconnus, de se retrouver enfant dans le ventre de sa mère, et donc, de connaître tous les mots du monde avant de naître.

    La musique des mots raconte l’histoire aussi sûrement que leur sens, il faut simplement se faire confiance ou se mentir sans vergogne.

    J’étais perdu à Gênes, heureusement, nous avons reçu, l’aide et les conseils d’une résidente précédente.

    Elle nous a mis en relation avec une galerie, la galerie Florida, elle-même située à une rue d’un autre lieu, le Campo XS, et ainsi de suite, est apparu d’autres lieux, des espaces où des artistes présentaient leur travail lors de « Talk », de bavardages.

    Musique, podcast, conférence sur les adaptations au changement climatique à Bruxelles, Milan et Rome, installations, documentaire sur les dockers relatant un accident de travail et le blocage du fret des armes, présentation de vin bio, de chansons siciliennes, fanzine sur la représentation de la femme dans l’art pariétal et bien d’autres choses encore.

    Si vous passez à Gênes, regardez s’il y a de la lumière au Pallazo Bronzo, à Florida, Campo XS, Spazio Fu Olivetti, et aussi au centre communautaire dont j’ai oublié le nom, mais que vous trouverez facilement, il est situé sous un échangeur autoroutier, facile non ?

    Au jardin des orties, ou à un couvent carmélite transformé en squat, régulièrement et provisoirement, pour trois jours avec du rap et du slam en italien.

    Bref, derrière toutes les fenêtres laissant échapper du brouhaha et des éclats, il y a des chances que l’on vous y accueille avec amabilité.

    Vous n’y découvrirez pas la gloire artistique et la réussite formatée, parfois, ce qui est présenté vous semblera léger, mais à chaque fois, j’ai vu la gravité de gens s’exposant avec ce qu’ils savaient faire, avec la nature simple d’une sincérité humaine, délivrant les ébauches d’actes artistiques intègres.

    Toutes les tentatives ou expressions artistiques découvertes durant mon séjour m’ont conforté sur ce que j’essaye d’impulser ici, au Cargo, la rencontre de ce que nous sommes, et pas celle de nos prétentions.

    Là-bas, tout ce que j’ai vu était réalisé avec sérieux, malgré les faiblesses, surtout avec courage et humilité, des sourires, de l’autodérision.

    Quand je travaille ici, et que je m’envole vers des envies d’excellences, Blaise, compagnon de navigation régulier au Cargo, me rappelle toujours avec une certaine ironie : somme toute, ce n’est que du théâtre.

    Avec lui, nous travaillons avec le sérieux des artisans, c’est un point d’honneur, veillant au sens du geste, mais nous connaissons aussi, les faillites du geste et la modestie nécessaire devant l’inévitable maladresse.

    Se produire au regard de l’autre, demande de l’orgueil.

    Ce premier orgueil qui consiste à être persuadé de la valeur des propositions et de la nécessité de l’envisager dans un parcours, ce qui originellement est défini comme une œuvre.

    La question n’est pas de savoir si c’est la réalisation d’une œuvre de qualité selon l’évaluation du regard des autres, mais que cette œuvre représente le travail désespéré vers l’inaccessible. 

    Pour soi, le résultat ne compte pas, seul le chemin doit être regardé, et ce n’est  même pas utile de savoir s’il a mené quelque part.

    Je vous ai invité à un bavardage, mais curieusement j’ai écrit mon bavardage  cet après-midi.

    Peut-être parce que je considère que je me comprends mieux au travers des mots écrits que des mots parlés.

    Je vous ai invité à un bavardage qui, dès le départ, est un paradoxe, puisque, jusqu’à présent, je soliloque ou je « liso-soliloque ».

    Je vous ai invité à un bavardage parque j’avais envie de partager mon passage à Gênes avec cette motivation de travailler à de l’écriture, d’abord d’un roman, puis de trois monologues, dont deux, seront présentés ici durant cette exposition de photographies et de souvenirs sonores.

    Une résidence est un embarquement pour une navigation dont on connait la durée sans en savoir les étapes et les rencontres, dont on ne peut préjuger de ce qu’il en sortira.

    Pourtant, on se lance, avec crainte et envie, on se retrouve dans un atelier aux murs nus et un ordinateur qui vous regarde de travers, parce que l’ordinateur devine la sueur, les postillons, le geste frénétique sur la touche d’effacement et le reflet fatigué que vous lui présenterez en fin de journée, après vos huit ou neuf heures d’écriture.

    Heureusement, dans le couloir séparant les appartements ou la cuisine commune, vous croisez votre collègue résidente, Marzia, elle écrit du théâtre et de la musique, c’est une chanteuse et une comédienne, une autrice et compositrice.

    Elle est d’une autre génération que la mienne, et regarde le monde avec une envie que vous n’avez plus, parce que vous avez mal aux genoux, parce que le matin, tout votre corps grince, parce que votre mémoire vous joue des tours et que vous rêvez d’une cabane au bord d’une rivière, une forêt fermant l’horizon, devenir solitaire et avoir seulement quelques amis pour accompagner les soirées, lorsqu’il ne fait pas froid, les soirées où, par miracle, vous n’êtes pas trop fatigué.

    Reprenons là où j’en étais, Marzia est dans le couloir, avant de rejoindre son atelier, vous échangez sur la maltraitance que les récits inventés imposent à leurs auteurs, cette satanée recherche de solution, cette éphémère sensation de triomphe quand vous avez la certitude d’une bonne page.

    Certitude régulièrement réduite à néant, le lendemain, après une nuit de sommeil, quand vous découvrez d’un œil nouveau et reposé, l’empilement de vos fadaises, fadaises qui vous a fait croire un instant que vous étiez, Balzac, Zola, voire Flaubert.

    Tout est à réécrire, à refaire et l’ordinateur, fidèle esclave, sait déjà quelle sera votre sollicitation frénétique de la touche d’effacement, et vous, vous espérez qu’il ne vous punisse pas d’un plantage de son programme de traitement de texte.

    Puis tout se passe, tout s’empile et deux mois et demi plus tard, vous remarquez que tous les murs de l’atelier sont couverts de feuilles imprimées et que vous tenez la première version de votre roman.

    Trois cents pages – beaucoup trop long.

    Vous craignez de vous relire et de battre à plat, cette certitude du travail accompli.

    Alors, vous décrochez les pages du mur, toutes les pages et vous les installez dans un carton d’archive, comme on installe un oiseau blessé recueilli en hiver, comme on installe une chose vivante, qui demande à être réparé par le temps avant de pouvoir prendre son envol et vivre sa vie propre.

    Vous ne savez qu’une chose, tout cela doit sommeiller et être repris, plus tard, bien plus tard, pour une seconde écriture 

    Le roman que j’ai écrit à Gênes sortira de sa boîte l’année prochaine et j’affronterai là, seulement à ce moment, la désillusion des certitudes et du travail à refaire.

    Si la chose trouve sa place, alors il sera envoyé à des éditeurs – sans illusion.

    Ceux-ci étant eux-mêmes submergés par les propositions, des milliers de manuscrits et quelques élus.

    La dernière fois qu’on m’en a parlé, on m’a dit, pour une maison d’édition romande, trois cents manuscrits, six publications. 

    Sachant cela, n’étant ni connu ni remarquable, je doute que mon travail arrive un jour jusqu’à une imprimerie.

    Au début, j’en concevais une frustration, mais plus grinçaient mes genoux, plus je comprenais que je n’écrivais pas pour être publié, mais bien pour me questionner sur la réalité de mon parcours.

    Pour moi, écrire, c’est nourrir ma curiosité du monde et des choses que je ne comprends pas, c’est explorer au travers des personnages les facettes de leur humanité et exorciser l’inutile recherche du sens de la vie.

    Paradoxalement, je crois que nos vies font récits, ont un sens particulier qui nous appartient et nous permet d’envisager notre disparition, notre effacement.

    Paradoxalement, parce que l’écriture serait une tentative de « perdurance », mais, pour moi, elle est une manière d’assumer mon effacement.

    Vaste programme autour des mots.

    Rappelons-nous de ce que j’ai raconté autour des performances génoises : la gravité et son lot de faiblesses.

    Comme dirait mon ami Blaise, après tout, ce n’est que du bavardage.

    J’en reviens au roman, en quelques mots, maintenant, et plus tard par la lecture de deux séquences présentant les deux protagonistes principaux.

    Je suis un auteur qui ne croit pas au plan, peut-être à cause de la découverte des plus beaux écrits de Blaise Cendrars, aventures guidées par le flot des anecdotes et des surprises, tissant à la fin, un récit duquel on émerge, après la sensation de s’y être noyé.

    On émerge avec la résolution de notre compréhension personnelle, notre bouée fabriquée par nos pensées et nos hypothèses.

    Peut-être s’est-on approprié le récit ?

    Peut-être parce que j’ai la haine farouche, et contradictoire, car j’en suis un grand consommateur, des séries télévisées et de leurs scénarios impeccables.

    Dans ces objets, où tout est juste, par un cheveu de travers. L’attention du spectateur est attirée chaque seconde par l’éclat de la nouveauté.

    La perfection est telle, que j’en suis à souhaiter et attendre la fausse note.

    Elle n’arrive jamais et ces fictions demeurent tragiquement inhumaines.

    Je les adore, mais je les noierais, sans bouées, les laissant dériver vers l’oubli.

    Alors, pour moi, je me refuse au plan, je laisse courir les récits et je me fie à mon instinct, je favorise ce qui me fait dévier de ma route, perdre le cap, le Nord, la boussole en espérant me retrouver dans l’étrange d’une terra incognita.

    En attaquant mon travail, j’avais en tête la conquête du pouvoir dans notre société occidentale, une conquête du pouvoir effectuée par un gorille. 

    Il serait accompagné dans ses œuvres par une femme, une sorte de lady Macbeth, cruelle et sans pitié.

    Tel était le point de départ, puis les nuages gris, la météo fraîche, la rencontre avec une artiste qui se demandait quelle était la représentation de la femme dans l’art pariétal, la laborieuse lecture de La condition de l’homme moderne d’Hannah Arendt, les souvenirs de la philosophie de Jacques Elull, définissant le monde actuel comme un système technicien, un système sans avenir.

    La découverte des écrits d’Annie Ernaux, une visite à l’aquarium de Gênes et ses animaux éteins, ce petit café, avalé rapidement sur une terrasse après les courses au marché oriental, ce malaise de se découvrir mâle avec les restes d’une éducation de mâle, homme à cheval entre un monde conservant les reliques de son passé dominateur et l’émergence d’une société où se modifie les codes.

    Comprendre que l’on est réellement devenu un vieux monsieur, du moins d’approcher les prémices d’être un vieux monsieur, de constater que l’humain n’est plus le maître et que la terre est un univers clos, que la société animale se rétracte jusqu’à presque ne plus exister et se demander ce qu’il restera de notre part animale.

    Tout ça, tout ce fatras fait qu’un jour, la ligne du récit s’infléchit, alors lady Macbeth regarde une femelle orang-outang et de cet échange émerge le désir de ne vivre que dans l’instant, d’être animal sans prévention de l’avenir et de s’occuper uniquement des tendresses immédiates.

    De son côté, le gorille rejoint ce qui fait l’homme jusqu’à perdre son humanité.

    A contrario, Gisèle, le personnage féminin s’appelle Gisèle parce que ce nom contient une fragilité que je ne m’explique pas, donc cette soigneuse du zoo, renonce à ses habits, à son confort, à son éducation et retourne, sans autre espérance que le présent, vers son animalité.

    Les deux personnages ont conscience que le monde est fini, que la machine à broyer les âmes fait son travail, que le carbone s’accumule dans l’atmosphère et que s’approche le temps des incendies.

    L’un se prépare à affronter la catastrophe avec le recours de la domination et les violences qui vont avec.

    L’autre, avec la solidarité, la tendresse et l’émerveillement constant de la vie, car le désespoir est la négation de l’avenir.

    Pour plaisanter à demi, sur le Titanic, alors que certain se battaient pour une place dans les chaloupes, un orchestre jouait musique sur le pont.

    Pour plaisanter tout à fait, dans le cinéma américain, une héroïne s’agrippait à la porte d’une armoire, flottant au milieu des débris du naufrage, et s’en trouvait sauvée malgré les températures glaciales et le désespoir lié à la perte de son amour récent et passionnel.

    Même si l’orchestre avait été englouti, dans le film, on entend toujours les violons.

    Dans le cinéma américain, et les séries télévisées, les histoires finissent presque toujours bien, sauf pour les noirs, les gros, les laids et les méchants, premières figures emblématiques à disparaître, car nécessaires à la dramaturgie valorisant les actes héroïques et particuliers des survivants.

    Je ne vous dirai pas ici, comment se termine la fin de mon roman et si, par hasard, une porte d’armoire flotte quelque part, donc il vous faudra le découvrir par vous-mêmes.

    Je ne sais pas si un jour il sera publié, alors je m’engage à vous en donner lecture ici, au Cargo, sitôt la réécriture terminée, une manière dérisoire de garantir une fin positive à cette aventure, d’être le battement d’une illusion, un peu hollywoodien.

    Revenons à Gênes, il me restait quinze jours de résidence et, hormis une visite du musée des Offices à Florence, je n’avais rien de prévu.

    Du coup, je me suis attelé à l’écriture d’un monologue racontant la journée particulière dans le quotidien de la vie d’une fille modeste : le petit silence de la nuit.

    Est-ce l’entrainement des mois d’écritures précédents, il fut prêt dans sa première version en un jour et demi de travail et je me retrouvai à nouveau désœuvré.

    J’entrepris alors la rédaction d’un autre monologue : Danaé sur le rivage.

    Un jour et demi après, il ne me restait d’autre choix, pour m’occuper, que d’aller boire des Spritz sur la petite place octogonale que j’affectionnais.

    Ensuite, me rendant compte que la consommation des Spritz ne suffirait pas à remplir mes journées, je me lançai dans l’écriture d’un troisième monologue, mais son déroulement ne fonctionnait pas.

    Presque à la fin, en cherchant la scène finale, j’ai compris qu’il faudrait l’abandonner ou le reprendre sitôt que j’en aurais compris le sens.

    Je sais depuis longtemps que c’est un autre que moi qui écrit, et je ne fais que remettre en forme ses inventions, parce qu’honnêtement, il ne sait pas toujours ce qu’il écrit.

    Ce texte avorté s’ajouta aux ébauches en suspens, dont une tentative de traduction en italien d’une de mes pièces de théâtre, une expérience intéressante, puisque je ne parle pas l’italien, je fais juste semblant, mais ce travail a eu pour effet de m’ouvrir l’esprit et l’écriture sur une autre musique de la langue jusqu’à transformer mon écriture.

    À ce propos, si quelqu’un d’italophone veut se pencher dessus, je serais curieux de collaborer. C’est un travail que Marzia a déjà accepté de faire sur les deux premiers tiers de ce récit.

    Peut-être qu’un jour il sera ainsi terminé dans la langue de Dante ?

    Pour revenir aux deux monologues, ils seront lus ici, le premier par moi la semaine prochaine, le second sera mis en lecture, en dernière semaine d’expositions, par Blaise Froidevaux et lu par la comédienne Christianne Margraitner.

    Je sais que nous accomplirons cette tâche avec le sérieux et la gravité de l’artisan, même si Blaise prétendra : somme toute, ce n’est qu’une lecture.

    Les deux monologues sont pour des personnages féminins.

    Je suis un homme, d’une éducation entre deux époques, baignée par les scories du passé et les présupposés d’une réalité qui ne sera jamais la mienne.

    Mais ce que je revendique en tant qu’auteur, c’est d’écrire sur ce que je ne suis pas, c’est d’aimer profondément des personnages, fussent-ils atroces, d’essayer d’en pénétrer les âmes et de les comprendre.

    Mais peut-être qu’après tout, je serais aussi un auteur atroce, donc compatible avec mes personnages.

    Mais, ce n’est pas à moi de le confirmer.

    Je revendique la fonction de médium, d’avoir la capacité, ou la prétention, de traverser le réel et à partir de l’imaginaire, de me projeter vers une impossibilité.

    Dans les cas qui nous occupent : deux femmes, deux destins, deux ressentis, deux émotions, deux physiologies, deux vies qui ne seront jamais la mienne.

    L’auteur est cet être singulier qui s’accorde le droit de se tromper devant tout le monde, d’affirmer avec gravité une pensée qui s’échappe malgré lui ou hors de lui, comme si elle lui glissait entre les pattes, et malgré l’immatérialité de cette pensée, de cette fiction, d’y croire dur comme fer.

    D’estimer que la prise de parole permet de questionner le monde et que l’important est la prise de parole et non sa véracité.

    Un auteur est un menteur qui se dénonce parce qu’il est plus intègre que la majeure partie des politiciens, et qu’il sait, que même les récits mensongers contiennent plus de vérité que d’inventions.

    Alors, je vous confirme, dans ces monologues, je suis une femme, ou je suis le regard d’un homme qui s’imagine, un instant, être une femme.

    Dans ces deux récits, tout ce que je dis est vrai, parce que c’est du théâtre.

    Nous pourrons en bavarder après la lecture des deux extraits du roman ou après les lectures de la semaine prochaine ou de la semaine suivante.

    Passons à la lecture des deux extraits.

    extrait à propos du personnage du gorille

    Quel curieux crépuscule.

    Le zoo bruisse de plaintes étouffées et de gémissements fluets.

    Dans la nuit crépue et naissante, le fin liseré des éclats lunaires ne répand pas la clarté espérée par les animaux apeurés. Les plus inquiets scrutent l’obscurité et sondent vainement l’incertitude des ténèbres, redoutant le surgissement d’un prédateur.

    C’est une étrange crainte, car autour d’eux, la ville est moderne et les fauves ne sont pas de nature animale.

    Cette anxieuse agitation diminue à l’instant où, Édouard, le grand gorille au dos argenté émerge de sa cage et s’engage vers la partie supérieure de l’enclos des singes, une sorte de protubérance équipée d’un balcon.

    L’animal se suspend et se balance à une liane effilochée. 

    Lassé, il se laisse descendre à la manière d’un archet glissant sur les quatre cordes d’une contrebasse, le thorax faisant office de caisse de résonance et répercutant un bourdonnement profond aux sonorités de réacteur essoufflé.

    Le vrombissement s’arrête à la seconde précise où le gorille touche le sol avec ses membres postérieurs, encaissant le choc avec souplesse, malgré sa lourdeur.

    Avec l’extinction de ce fracas abdominal, chacun devine que le redoutable mâle s’apprête à parcourir les parcelles de son territoire cloisonné, minuscule portion organique enclavée dans un dédale urbain mélangeant quartier d’habitations, commerces, parkings, zones industrielles, gare de triage, ouvrages autoroutiers et un aéroport tapi sur l’arrière des collines.

    Les représentants, toutes espèces confondues, logeant dans le zoo retiennent leur respiration à l’exception des suricates, une sorte de fouine de prairie dont beaucoup se méfient. Nul ne connaît l’origine de cette circonspection, mais le parti pris d’une existence solidaire avec un grand sens du commun laisse entrevoir, chez ces petits carnivores, le danger d’une solidarité déviante.

    Les autres les imaginent sortis hors du cadre.

    Avec l’atterrissage du gorille sur le sol, un silence s’établit telle une vague se dissolvant sur le sable des côtes érodées et océaniques. Tous les interstices de la vie se trouvent uniquement occupés par l’absence de sons. Même le plus petit des murmures s’est dilué et cette absence fait mal aux oreilles. Étonnamment rassurés, les locataires des enclos s’endorment.

    Dans le calme retrouvé, l’ordre règne.

    Sûr de sa puissance, Édouard s’installe sous le grand hêtre s’élançant vers le ciel venteux du Nord. Il constate, avec regrets, que l’arbre ne sera jamais aussi majestueux que ceux de son enfance dans la forêt impénétrable de Bwindi, mais, les maigres ramures flottant au-dessus de lui, répandent une nostalgie triste.

    Il se berce avec des souvenirs à demi oubliés.

    Au travers d’une trouée entre les branches, le gorille égare son regard sur les constellations perforant le velours sombre et sidéral. Il ferme les yeux, s’endort presque.

    Il est difficile de prétendre ce primate être un rêveur, pourtant un observateur attentif devinerait que se cachent, sous une carapace de férocité, des parcelles de tendresses et l’usure des désenchantements.

    Les monstres sont entaillés de failles insoupçonnées. Les griffures déchirent autant la peau des victimes que des bourreaux, les larmes ont toutes le goût du sel et la douleur des choses perdues brise l’âme de chacun.

    Édouard n’y échappe pas.

    Sous les branches, il laisse errer son imagination vers les ramées tropicales, le souvenir des ramures aux feuilles d’émeraude, les papillons voltigeurs, la mousse odorante et la brise humide et chaude dévalant des collines.

    Cet ensemble de petits bonheurs efface, le temps d’une illusion, la blessure de son enlèvement par des braconniers, le bruit mat de la trappe qui se referme et le coup de feu qui claque, arrêtant net le mâle se précipitant à son secours. Plus tard, transporté dans une cage aux barreaux de bambous, il passe à côté du cadavre de son éphémère protecteur, silhouette qu’un homme dépèce et prive de fourrure. Lui, gorillon apeuré, pousse de petits cris où se mélangent douleur et stupéfaction.

    Ce jour-là avait débuté le grand voyage qui l’avait emporté jusqu’au pied de ce hêtre encloisonné par les ciels gris de l’Occident. Sur ces terres, les arbres sont contraints à la petitesse et ne peuvent goûter au plaisir de caresser les nuages.

    Suite au souvenir de sa capture, le cœur du gorille devient aussi froid que la terre sur laquelle il est étendu. Sa figure est grave, entravée d’une incompréhension, car il ne connaît pas le sens des mots haine ou justice.

    D’une pièce, il n’est que colère et la colère est un empêchement. Ses muscles se tendent. Édouard devient un tremblement à peine perceptible, une crampe de la tête aux pieds avec les premiers frémissements de la souffrance. Son ventre se pétrifie, formant une boule de marbre. La saveur de la bile remonte par sa gorge contractée inondant l’arrière de la mâchoire et activant l’envie de vomir. Sous la puissance de ce trouble, de son étreinte, il pourrait briser en mille morceaux tout ce qui tomberait sous ses pattes. Il pousse un long grognement identique à ceux des trains de marchandises freinant avant la butée des voies de garage pour ne pas la faire voler en éclats. Il vibre avec de nombreux soubresauts, s’accroche à des émotions plus simples et le malaise s’éteint, ses pensées s’éclaircissent.

    Souvent, il aimerait toucher la main des enfants défilant derrière la baie vitrée, ébouriffer une tignasse blonde, prendre dans ses bras un petit et le porter sur ses épaules, grimper sur les branches les plus hautes et montrer tout ce qui se voit depuis cet endroit. S’amuser de l’étonnement enfantin et consoler le gamin de sa frayeur face au vide, le ramener à la barrière séparant les espèces et lui indiquer l’emplacement de la baraque à glace.

    Une telle rencontre ne se produira pas, les mondes sont séparés par des clôtures électrifiées ou des vitres blindées. Les primates des deux bords, singes et humains, se regardent en chiens de faïence. Des voyeurs face à un reflet qui lui-même est un reflet observant les voyeurs. Il n’y a pas de langage pour se comprendre et la distance ne se comble jamais.

    Heureusement, la captivité est une existence sans accrocs, rien de notable ne s’y produit. La nourriture est toujours servie en abondance. Dans un espace aussi serein, la mort n’existe pas. Elle est remplacée par la disparition, une sorte d’effacement des corps. Au matin, l’un ou l’autre manque et ne revient jamais, devient un fantôme vite oublié, puis plus rien, vraiment plus rien.

    Parfois, Édouard s’interroge sur la réalité de sa mort, mais il ne trouve pas la réponse. Il pense que la mort est une couleur qui n’existe pas, une musique sans notes, une absence sans présence. Un gorille comme lui n’est vivant que par l’instant. Il n’a pas d’avenir parce que la conscience de l’avenir ne l’effleure jamais. Le concret se révèle uniquement dans le présent, par exemple, avec le goût de ce brin d’herbe qu’il mâchouille. Derrière ce goût, le temps s’étale comme une mer privée de vent, de vagues, puis se transforme en ligne d’horizon inaccessible.

    extrait à propos du personnage de Gisèle

    Gisèle n’est pas une belle femme, elle n’est pas laide non plus.

    Elle est ce qu’on appelle « un entre-deux ».

    Elle avait ardemment souhaité une place de soigneuse au parc animalier. Contre toute attente, elle avait réussi à convaincre le directeur des ressources humaines sans céder à ses avances, précisait-elle avec une moue malicieuse. Cette résistance l’avait cantonnée provisoirement au simple rôle de nettoyeuse de la maison des primates. Un bâtiment oblong avec une étrange vitrine à gauche de son entrée. Derrière le verre trône un petit singe empaillé, costume de fanfare rouge et boutons dorés. Selon la légende, sur une étiquette rédigée à la main et posée devant l’animal, il est écrit qu’il est mort de la grippe espagnole.

    Gisèle ne considère pas cette information comme sérieuse. Chaque fois, en la remarquant, elle classe cette assertion dans la catégorie des absurdités. La concentration de ses efforts se porte à la réalisation des tâches quotidiennes.

    Le travail est laborieux et les autres employés demeurent invariablement insipides, paresseux et enferrés dans des histoires répétitives sans intérêts. De plus en plus distante, elle s’éloigne des relations humaines, alors ses collègues oublient jusqu’à son existence.

    Les êtres solitaires disparaissent au regard des autres. La facilité consiste à feindre de ne plus les apercevoir et considérer qu’ils évoluent sur une autre terre. Pour les bannis, cet exil vers un continent d’une curieuse et difficile liberté n’est pas un malheur. C’est un renforcement des caractères. Le tempérament des individus relégués devient farouche, abrupt comme le sont les montagnes escarpées ou les fossés remplis de ronces. Leur mutisme n’est pas le signe de la faiblesse, mais celui d’une détermination intérieure. Perdus dans une foule, ils savent reconnaître immédiatement leurs semblables. Quand ils se croisent, seul un œil attentif perçoit l’imperceptible regard échangé, le sourire léger et cette manière fragile de tourner la tête dans une autre direction afin de ne pas dévoiler la connivence qui les unit.

    Dans le zoo, Gisèle est devenue une étrangère parmi les employés.

    Aucun ne manque de respect, mais plus personne ne tient compte de sa présence. La nécessité de l’accomplissement du travail demeure le seul lien. Pour faciliter ses déplacements hors de l’équipe, on lui remet les clefs de tous les bâtiments, y compris celui des pingouins et des ours polaires.

    Ces deux espaces sont réfrigérés et elle ne s’y rend jamais. Elle préfère les endroits où réside la part animale et déracinée de l’Afrique.

    Une véritable joie apparaît sur son visage avec la perception de l’odeur des grands singes, quand elle se faufile dans l’enclos des orangs-outangs ou des gorilles. Les quelques taches de rousseur bordant chaque côté de son nez semblent se dilater comme si toute sa figure se relâchait et devenait une méduse étendue sur le sable à marée basse. Ses yeux pétillent d’embruns, des éclats verts, presque pistache, s’échappant des algues compactes et rousses de sa chevelure. Sa bouche légèrement tordue révèle un sourire fugace empreint d’un bonheur mystérieux et singulier.

    À ces beaux instants, la Joconde, à côté de Gisèle, passe pour une Anglaise pincée.

    Par un jour de soleil, elle avait aperçu, en se promenant dans les travées d’un marché aux puces, la reproduction d’une œuvre de Léonard de Vinci. Dans un cadre doré était représentée une femme rousse tenant et caressant une hermine blanche sur son bras. Le personnage regardait vers sa gauche avec une crainte chargée de convoitise. Le visage trahissait l’invitation à des tendresses partagées. Gisèle, malgré la différence des yeux noisette du portrait, s’était reconnue dans l’image et dans la tentation. Sans hésiter, elle avait payé le prix demandé et le portrait figure maintenant sur l’un des murs de sa cuisine.

    La journée suivant cette acquisition, au travail, elle avait regardé, longtemps et avec mélancolie, en direction du grand gorille au dos argenté. L’animal semblait rebutant et forgé par un caractère semblable au sien, solitaire et rétif. En scrutant l’entrejambe de la bête, elle mesura la modestie de la puissance exposée. Avec regret, elle rebroussa chemin jusqu’à la savane artificielle des girafes et le marigot boueux des hippopotames.

    Elle ne pensa plus à Édouard jusqu’à cette soirée commencée par un curieux crépuscule.

    Depuis la fenêtre de la cuisine, elle observe la rue assombrie par la tombée de la nuit et la dentelure des immeubles voisins, silhouettes se découpant sur l’anthracite de l’obscurité. Elle écoute le rythme des tramways traversant la place et le cliquetis des néons défaillants. Au milieu de ce brouhaha d’images et de sons, passe une camionnette publicitaire annonçant la venue prochaine d’un cirque. Au-dessus des haut-parleurs, une affiche représente un gorille, gueule ouverte et mâchoire effrayante, tenu en laisse par une femme vêtue d’une robe blanche, évoquant vaguement la posture célèbre d’une actrice américaine, surprise et figée sur une bouche d’aération.

    L’émergence des désirs tient du hasard, quand ils s’imposent, ils deviennent incontournables.

    Gisèle quitte son observatoire, enfile une triste  gabardine grise et revient au zoo. Elle longe discrètement les barrières afin d’échapper aux surveillants.

    Elle sait qu’ils ne s’aventurent jamais au-delà des castors et de la fontaine sur la place de jeu. Sitôt franchis ces endroits, elle sera libre de déambuler comme elle le veut. La voie est dégagée et elle contourne le monticule des suricates sans se préoccuper des quelques ricanements accompagnant chacun de ses pas. Une girafe insomniaque et immobile, la tête au-dessus des arbres la fixe un instant, puis se détourne, dédaigneuse, et se baisse afin de brouter dans les branches basses. Le bruit de la mastication s’entend distinctement. C’est affreux.

    Gisèle continue et arrive à proximité de l’emplacement où se trouve le grand hêtre.

    Tout est silencieux et désert en apparence, mais une respiration bruisse par intermittence avec la légèreté d’un soupir. Surprise, Gisèle casse sa démarche, retient son rythme, contient l’énergie et cherche à préserver la plus grande discrétion de chacun de ses mouvements. Elle est aux aguets et retrouve instantanément les réflexes des premiers hominidés lorsqu’ils se risquaient à quitter le refuge des arbres pour traverser la savane.

    Quelque chose bouge dans les racines du grand hêtre, le gorille.

    Gisèle frémit et se blottit contre la baraque à glace.

    retour au bavardage

    Mais que serait un bavardage sans échange ?

    Aussi, je vous propose de continuer ensemble autour d’un verre de Chianti, d’une part de focaccia et de quelques tranches de mortadelle.

    ( la soirée s’est poursuivie avec les spectateurs par des échanges informels autour de la table sur les thèmes de l’effacement, de la place des femmes dans la société et de la perception des hommes, des difficultés de l’édition des récits, de la place des animaux dans nos regards humains, de la ville de Gênes, de l’influence d’une résidence sur l’écriture, etc.)

  • la ligne obscure

    la ligne obscure

    Voici le roman d’un homme qui meurt et s’en va seul, loin des siens. Son esprit libère des illuminations perdues où s’entremêlent les souvenirs de sa propre vie avec des bribes de la mythologie et de la barbarie humaine. Une animalité primaire s’ébauche en lui, affranchie de toute civilisation et de toute morale. Il se dépouille de sa condition d’homme et devient un fauve, un léopard… un tueur. 

    presse

    Auteur d’une œuvre théâtrale foisonnante abordant notamment certaines zones d’ombre de l’histoire, à destination tour à tour de l’enfant et de l’adulte, Yves Robert signe son premier roman à la cinquantaine. La ligne obscure offre une étonnante plongée dans la question du personnage, parallèlement à une méditation sur l’art de la fiction. Charles B, venu de la finance, est atteint d’une maladie létale dégénérative ; il perd le sommeil et entame une errance existentielle qui fera resurgir sa part animale, comme un double en forme de léopard silencieux, méditatif et tueur.

    Bertrand Tappolet (Le Courrier du 26 juillet 2014)

    Le Neuchâtelois Yves Robert signe là un récit porté par un puissant souffle poétique. Mythes anciens et réminiscences personnelles s’y mêlent au long d’une ligne en clair-obscur.

    Jean-Marie Félix (Entre les lignes, RTS, 27 mai 2014)

    De fait, le récit arpente un espace géographique jamais nommé mais aisément reconnaissable. Il perfore, en outre, les profondeurs de l’Histoire, pour relier l’esclavagisme d’hier, tel que le pratiqua le baron de Pury, aux réfugiés d’aujourd’hui.

    Dominique Bosshard (L’Express-L’Impartial, 16 mai 2014)

    la critique de la Baronne Bernadette – site du Grand Gazomètre

    description

    roman / 2014 / 11,5×16,5 cm / 164 pages / éditions d’autrepart

    biographie

    • . .Yves Roberthabite La Chaux-de-Fonds en Suisse. Il est l’auteur de vingt pièces de théâtre, ainsi que deux adaptations de romans destinées à la scène.

    radio

    Entre les lignes, RTS, 27 mai 2014
    interview dYves Robert

    par Jean-Marie Félix et lecture par Claude Thébert

  • Yves Robert – retour de Gênes

    Yves Robert – retour de Gênes

    informations à suivre…

    vernissage le jeudi 30 octobre 2025 dès 18h

    dates et horaires

    du 30 octobre au 16 novembre 2025

    affiche

  • en attendant goutte d’eau…

    en attendant goutte d’eau…

    les expos ou les spectacles des amis

    à suivre…

  • les géographies imaginaires de René Gori

    les géographies imaginaires de René Gori

    ou se perdre dans les méandres de la tête de René Gori

    Mea culpa

    C’est ma faute

    C’est ma faute

    C’est ma très grande faute d’orthographe

    Voilà comment j’écris

    Giraffe

    J. Prévert

    soutiens et partenaires

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  • la goutte

    la goutte

    les 19 et 20 septembre 2024 – Temple-Allemand – La Chaux-de-Fonds

    LA GOUTTE, composé de sept textes de l’auteur italien Ascanio Celestini, interroge notre capacité à agir lorsque nous nous trouvons devant une situation qui, à terme, ne peut que se détériorer. Débarrassé de tout vernis de respectabilité, chaque récit se fond dans un rire libérateur. Il reste cependant quelque chose d’irrésolu ; un grain de poussière dans l’œil, un caillou dans la chaussure.

    texte Ascanio Celestini
    traduction Christophe Mileschi
    scénographie, mise en scène et jeu Blaise Froidevaux
    chorégraphie et danse Akané Nussbaum

    jeu Olivier Nicola
    chorégraphie Lia Beuchat
    composition musicale Thomas Steiger
    création lumière Matthias Mermod

    production in Piazza production

    collaboration Théâtre de la Maison du Concert

  • Rolf Blaser – le 9e livre

    Rolf Blaser – le 9e livre

    exposition – Haus der Kunst St. Josef – du 10 février au 3 mars 2024

    le site de la maison de l’art St. Josef

  • il y a du vent…

    il y a du vent…

    en attendant Godot…

  • le journal du silence

    le journal du silence

    Une femme perdue en haute montagne, blessée, ne pouvant plus se déplacer et frappée d’amnésie traumatique discute avec un oiseau, un chocard aux pattes rouges et becs jaunes. Avec l’aide de ce « volatile persiffleur », elle reconstruit ses souvenirs, se découvre amoureuse et fait renaître son désir de vie.

    Tu as eu une drôle de nuit, on va structurer tout ça. Je suis très compétent pour structurer « l’instructurable ». Écoute bien… les choses ne sont que des choses avant les mots, seulement après, elles acquièrent une âme : nommer ce qui est, sinon il n’est pas.
    Tiens, le vent est une pièce de tissus qui se déchire sur une arête, elle se sépare en deux pans, des bourrasques à peine visibles qui s’effondrent de part et d’autre, emportant avec elles une bruine froide.
    Tu me suis ?
    Ça n’a pas l’air… si seulement tu savais voler, tu n’en serais pas là. Une brume répandue sur le damier noir des ardoises au fond des vallées, regarde-toi, tu es enrobée dans ce souffle.
    C’est vrai ?
    Tu ne te souviens de rien ?

    texte intégral / 36 pages / collection seul.e en scène / Atelier Grand Cargo / prix CHF 8.– / + frais de port

    sélectionnez la ou les publications que vous désirez obtenir – prix à l’unité CHF 8.– + frais de port
  • Grégoire Müller – Prix de l’Institut neuchâtelois 2021

    Grégoire Müller – Prix de l’Institut neuchâtelois 2021

    exposition

    Le Cargo présente sur son grand mur et durant l’année 2021 les travaux de trois artistes, soit Grégoire Müller, Maoro Frascotti et Rolf Blaser

    Le principe est d’exposer et de mettre en évidence une œuvre ou une thématique unique

     Grégoire Müller présente un impressionnant et stupéfiant lutteur Sumo 

    biographie

    • Grégoire Müller
      Grégoire Müller est né à Morges le 23 février 1947, il termine sa maturité (latin – grec) au Collège de Saint-Maurice et quitte la Suisse pour s’établir à Paris en 1965. Il fréquente l’Académie de la Grande Chaumière, devient assistant de César et critique d’art dès 1966. Il vit les événements de mai 68, rejoint New-York en 1969 et commence son parcours américain.

    laudatio de Grégoire Müller

    Faire le portrait d’un peintre, c’est une gageure. Un peu comme de risquer celui d’un écrivain à travers l’analyse de ses personnages. Le « Madame Bovary, c’est moi » de Flaubert ne marche pas avec les images créées par Grégoire. Est-il ce poignard peint sur fond noir, ce bonze en feu souriant comme Mona Lisa, ces corps sacrifiés à l’ignominie barbare  du commerce de la guerre ? Est-il tout cela un peu ou ses toiles ne sont-elles là que pour recouvrir autre chose ? 

    Si tout cela nous démontrait plutôt que ce qu’il nous donne à voir n’est qu’un drapé baroque jeté sur les sacrifices carnavalesques de la réalité ?

    – Où est donc Grégoire ?

    La même question a été posée dès la petite enfance à ses parents bien empruntés pour y répondre. Le père, artiste sculpteur, et la mère bohème, trouvent des excuses à leur lâchage, persuadés qu’ils sont que leur tâche et leur mission est ailleurs que dans le rôle de parents.

    – On l’a placé chez ses grands-parents, à Morges. Ils ont une belle et grande maison. « Grégoire sera plus heureux avec eux qu’avec nous ». 

    C’est ainsi qu’on crée des existences flottantes dans le bain amniotique d’une réalité qui lâche, qui ne tient à rien, qui cherche désespérément des repères, une manière d’être contre l’innommable de cette épreuve d’artiste, l’enfance hors du giron de papa et maman. En 2017, pour ses 70 ans, Grégoire revient avec pudeur sur cette enfance dans son récit La maison de Morges

    – Il est où Grégoire ?

    Il est là aussi, beaucoup, dans ses livres : 11 publications à ce jour, dont 7 à teneur largement autobiographique. Grégoire n’en finit pas de se raconter, non pas qu’il se trouve plus intéressant qu’un autre, mais, comment dire, il s’agit pour lui de laisser des traces, les siennes, faites à la main, comme les premiers figuratifs d’Altamira et de Lascaux ; on naît tous dans une caverne et on y finit aussi, ainsi va l’humain. Le nôtre, ce Grégoire Homo sapiens, n’en finit pas de s’interroger, parce qu’il s’est laissé porter par le feu, et qu’il sait qu’un tison, tenu à bout de bras, laisse une empreinte hasardeuse, parfois fugitive, une empreinte qui explore le lien ténu entre la vie de tous les jours et le chant des pistes, le beau chant de l’humanité. Et quand le tison répand de son noir sur la toile, sur la jute, sur la pierre, ce noir peut éclairer et raconter la naissance du charbon, mais avant lui la branche de saule, les chatons dansant dans l’aube frileuse, les feuilles tétant avidement la sève, la sève qui vient des racines, de l’humus des plantes plus anciennes, de leur décomposition…

    – Il est où Grégoire ?

    Il est à Paris, venu y faire son pirate. Un séjour raconté dans le livre « Sous les pavés » paru en 2019. C’est 1968, la castagne et les ateliers de peintres, les petits boulots et les rencontres, les amours jaunes et les crève-cœur sanglants. Il a 19 ans le môme et il est bien décidé à mettre de côté son enfance de petit-fils de bourgeois. Ça tombe bien : le monde mue. La peinture aussi, mais pas assez vite. Il apprend à dessiner, il écrit surtout, sur l’art, sur la mutation espérée, sur le grand désir de réinvention du monde.

    Harald Szeeman l’invite à Zurich pour l’assister à mettre en place une exposition qui fera date : « quand les attitudes prennent forme », une expo qui marque la reconnaissance du processus de création comme partie intégrante de l’œuvre d’art. Quand la main à la pâte s’expose avec le gâteau. Le monde mue. Beuys travaille du chapeau, Richard Serra enroule ses plaques d’acier rouillé…

    – Il est où Grégoire ?

    Il bosse dans l’atelier de Richard Serra justement, il l’aide à fondre des moules en plomb. On est à New-York, la ville de « Ramblings », un autre livre paru en 1996. Il y est arrivé avec sa première femme, deux valises et septante dollars. En sous-titre, son livre est explicite : « Art et survie à Manhattan », son quotidien pendant dix-sept années. L’art partout, il rencontre tout ce qui se manifeste entre la contre-culture des années septante et le post-modernisme des années 80. Les noms de ses proches ? En voici quelques-uns triés sur le volet : Andy Wharol, Bob Rauschenberg, Sol Lewitt, Phil Glass, William Burroughs…

    C’est que Grégoire est devenu incontournable dans son rôle de critique. Il est rédacteur à Arts-Magazine, revue branchée s’il en est. Il signe son premier livre en 1972 The new Avant-garde. Il a une première fille, Francesca, avec sa deuxième épouse coréenne. Le beau monde lui est ouvert. Tout semble rouler pour lui, sauf que la promesse qu’il s’est fait à lui-même, adolescent de quinze ans, il l’a oubliée. Alors, pour retourner à la peinture comme on retourne dans la grotte de sa croyance initiale, Grégoire lâche tout : femme, enfant, situation enviable dans la presse. Je le cite : « Je veux me défaire de ce que j’ai accumulé pendant ces trois ans : appuis, influences et autres relations… Pour repartir, anonyme et en solitaire, sur la voie de la peinture. »

    – Il est où Grégoire ?

    Grégoire peint. Dans un loft fréquenté et squatté par une faune interlope. Il y a son colocataire, Olivier Mosset et sa Harley Davidson, Ornette Coleman qui vient répéter avec son groupe. Il y a les sorties, les soirées givrées, les nuits poudreuses, quelques expos, quelques toiles vendues, la recherche obstinée de la figure comme nouvelle voie possible de la peinture. Un bel article dans le New York Times, la rencontre avec Pascal qui devient la mère de Saskia puis plus tard de Mischa Laura. Une autre expo très remarquée. Tout va bien. Trop bien ? Pour Müller, c’est le moment de mettre les voiles.

    – Il est où Grégoire ?

    A La Chaux-de-Fonds… Il s’y est installé il y a 34 ans. Avec son prénom de premier chrétien allumé, avec sa barbe de maître zen, avec sa femme d’Amérique aux yeux de lampes à huile dans les mines de plomb, avec son équilibre de derviche tourneur, avec son parler de griot du comptoir au café des arts, Grégoire peint, dessine, malaxe, évoque. Et son débit de toiles — qui sont comme des mots de la profération tribale — marque et souligne notre pénombre, d’une noirceur étale, prise souvent dans le registre même du coton ou de la jute, comme si la nuit seule pouvait être éclairante. Mais d’un revers de veston, Müller balaie nos truismes en cimaise et tranche dans le vif comme dans les habitudes, il peint et dessine, parce que c’est comme ça : une évidence. Ça se fait à l’horizontale, à même le sol, pour se soucier toujours de la planète terre et de l’humus, et du tatami sous les pieds. Car le bonhomme est initié aux arts martiaux : 5ème dan de karaté, vers la maîtrise du corps et de l’esprit comme les samouraïs qui ont inspiré cette pratique, avec leur code d’honneur des vertus parmi lesquelles figure le courage : Ce courage qui nous pousse à faire respecter, en toutes circonstances, ce qui nous paraît juste et qui nous permet, malgré nos peurs et nos craintes, d’affronter toutes les épreuves.

    Autre vertu des samouraïs : la modestie et l’humilité. Et surtout : la droiture. Faire preuve de droiture, c’est suivre la ligne du devoir et ne jamais s’en écarter. Loyauté, honnêteté et sincérité sont les piliers de cette droiture. Fin de mon emprunt à Wikipédia.

    La ligne du devoir du samouraï, c’est aussi la ligne du peintre, ce qu’il appelle parfois la touche. Je le cite : « En soi, chaque marque est abstraite, tout au plus reflète-t-elle une technique. Mais lorsque le geste le plus minime trouve sa place dans la cohérence d’une composition, il signifie, comme un mot, un accent, une intonation. » Je rajouterai : une langue, une musique, des tons, une harmonie.

    – Il est où Grégoire ?

    Il est là dans son travail de karateka des arts. Dans sa ligne du devoir duquel nulle gloire n’est attendue, même pas un Prix de l’Institut, aussi justifié soit-il.
    Moi, il me gonfle Grégoire quand il parle de ses amis qui ont réussi. Les gagnants ne savent pas ce qu’ils perdent, ai-je envie de lui répondre, mais il le sait déjà, le gars qui peint sur du noir, au sol, dans la tranchée de l’art, à mille mètres d’altitude.

    – Il est où Grégoire ?

    Le vrai Müller, le Grégoire à la tour abolie, peintre en son île noire, a le cul entre deux arts, l’image et l’écrit, parce qu’il écrit le bougre et mille milliards de mille sabords, il le fait tout à fait juste, parce qu’il a le sens de la ligne, du dessin, des idées et pas peur de la gomme. Cet assemblage des mots et des craies lui offre d’étaler ainsi sa conception variable de la représentation mentale : ici le fauteuil de l’art plastique et là le prie-dieu de l’écriture. En jeu : la beauté. Je cite un extrait de son dernier opus, un roman encore manuscrit :

    La beauté, quand on ne fait que la cueillir pour la savourer, a une dimension égoïste, et ce, même si on la partage. Il faut savoir, au contraire, la dénicher où elle se cache, dans l’horreur même ; dans la vérité, aurait peut-être dit Kant !

    – Il est où Grégoire ?

    Il est n’importe où pourvu que la beauté puisse en surgir. Et, pour finir, encore un extrait dialogué de son dernier texte :

    – Fiches-toi de moi autant que tu le veux. Sans cette dimension qui nous relie au Mythe, avec un grand M -et ce, le plus souvent, à travers la folie et la mort, l’Art ne serait qu’un divertissement. Les grands artistes, j’en suis convaincu, incarnent cette dimension mythique. Ou mystique, comme tu veux… comme les saint d’antan !
    Jonathan lève son verre de Gin

    – Ceci est mon sang !

    – Il est où Grégoire ?

    Il est avec nous. Pour toujours. Merci à lui.


    Pascal Rebetez 

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  • l’étoile du nord

    l’étoile du nord

    Lili aimerait faire durer le temps. Elle porte un déshabillé en tissu synthétique et reste les jambes nues parce qu’il ne fait pas si froid. Dans la rue, les voitures passent et un chien aboie de temps en temps. Son client n’a pas encore remis ses vêtements et attend. Le petit carré d’un miroir renvoie à Lili l’image de son âge – le reflet des outrages. Entre deux sourires, elle se vide avec sa voix de clarinette, raconte sa vie de…

    Nous sommes des solitudes qui se rencontrent. On couche. Deux dans le même pieu, mais on reste seul. Ça ne s’explique pas. On se caresse, nus avec nos sexes au bout des doigts. On se touche, on gémit pour de vrai, pour de faux. On fait la comédie des odeurs, des échanges, de la sueur, mais on reste seul. Tu as gloussé comme un dindon. T’avais l’air égaré. Tant que tu écoutes dans la chambre, je peux croire qu’un autre jour est possible. Que ça serait autre chose qu’un coup payant. Deux solitudes ensemble. Si tu remets ton pantalon. Il faudra bien que tu le remettes. Tu partiras, un regard rapide sur la commode. Pour ne pas oublier les clefs de la voiture ou d’autres choses. Je reconnais toutes les fermetures éclair rien qu’à leur bruit. Un geste rapide, toujours le même. Cette manie de vérifier que tout est à sa place. Ce besoin de sentir que vous repartez avec vos couilles. Tu passeras la porte avec le souvenir d’un nom de pacotille. Celui que je donne en pâture à mes clients. Le vrai, le mien, celui qui était sur le formulaire de baptème. Celui qui se nichait dans la bouche de ma mère. Je le garde comme un secret. Dans tes moments solitaires, je n’aimerais pas que tu jouisses sur l’image de mon ossature et mon vrai nom.

    texte intégral / collection seul.e en scène / Atelier Grand Cargo

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  • la liste de presque tout

    la liste de presque tout

    ou peu près tout ce qui se trouve sur le site du Cargo… en vrac

    2024

    2023

    • Un bulletin vivant
      du 6 au 10 février 2023 – résidence – Atelier Grand Cargo – La Chaux-de-Fonds
    • l’essoufflement de l’ange
      24 février 2023 à 20h – Théâtre du Concert – Neuchâtel
    • l’essoufflement de l’ange
      25 février 2023 à 19h – Théâtre du Concert – Neuchâtel
    • l’essoufflement de l’ange
      Atelier Grand Cargo – La Chaux-de-Fonds
    • l’essoufflement de l’ange
      Atelier Grand Cargo – La Chaux-de-Fonds
    • l’essoufflement de l’ange
      Atelier Grand Cargo – La Chaux-de-Fonds
    • radio Michel
      en résidence du 20 au 24 mars 2023 à l’Atelier Grand Cargo 18h devant le Cargo – entrée libre – chapeau – sans réservation Radio Michel, une émission animée par Michel et Eddy, qui se déroule dans la cour de la maison de repos  » les Magnolias ». On y découvre des résidents.e.s qui parlent de leur fin de vie, de leur passions, de leur quotidien… « Un thème difficile à traiter car chargé en émotion, ce qui m’a amené à l’aborder avec tendresse, légèreté, poésie et amour. Afin de rendre un spectacle de rue touchant, drôle, qui rend l’invisible visible en… Lire la suite : radio Michel
    • Hibakushas Oppenheimer
      Deux survivants d’Hiroshima, les Hibakushas, s’entretiennent avec Robert Oppenheimer, considéré comme le père de la bombe atomique. Un scientifique de génie, idéaliste et psychologiquement fragile. Passionné de culture, grand connaisseur de la poésie, il lit la Baghavad Gita dans le texte et s’exprime dans un français parfait, Oppenheimer s’est interrogé – trop tard – sur sa monstrueuse création. Par-delà la mort, il discute et argumente avec les victimes de la bombe A. 
    • Hibakushas Oppenheimer
      Deux survivants d’Hiroshima, les Hibakushas, s’entretiennent avec Robert Oppenheimer, considéré comme le père de la bombe atomique. Un scientifique de génie, idéaliste et psychologiquement fragile. Passionné de culture, grand connaisseur de la poésie, il lit la Baghavad Gita dans le texte et s’exprime dans un français parfait, Oppenheimer s’est interrogé – trop tard – sur sa monstrueuse création. Par-delà la mort, il discute et argumente avec les victimes de la bombe A. 
    • les écolades
      29 avril 2023 film des élèves du lycée Blaise Cendrars
    • les écolades
      30 avril 2023 film des élèves du lycée Blaise Cendrars
    • une soirée au Sahel
      en résidence durant le mois de mai 2023 à l’Atelier Grand Cargo, l’écrivain Michel Beretti propose de passer avec lui une Soirée au Sahel où il vit avec son épouse, la comédienne malienne Alima Togola.
    • une soirée au Sahel
      en résidence durant le mois de mai 2023 à l’Atelier Grand Cargo, l’écrivain Michel Beretti propose de passer avec lui une Soirée au Sahel où il vit avec son épouse, la comédienne malienne Alima Togola.
    • les fugaces
      résidence sortie de chantier le 26 mai 2023 – 15h devant le Cargo écrire pour l’espace publicavec Laura Dahan et Cécile Meignen, comédiennes, metteuses en scène, auteures, co-directrices artistiques de la Cie Les Fugaces. WWW.FUGACES.COM Le Cargo collabore avec le Centre de Création Helvétique des Arts de la Rue (CCHAR). « Comment écrire pour l’espace public ? Comment trouver l’équilibre entre la partition écrite, prévue, et une part d’improvisation inévitable ? Comment la notion d’écriture concerne le texte mais aussi l’implantation dans l’espace ? Quelle textualité peut passer l’épreuve de la rue, pour quelle jauge, et comment parler en se déplaçant… Lire la suite : les fugaces
    • HOUL
      sortie de chantier le 26 mai 2023 – 17h devant le Cargo résidence CCHAR Texte présentation Tombé à l’eau un soir de tempête, un homme chute dans un espace sans âge, entre la vie et la mort, dernier refuge des disparus en mer. Alors qu’il essaie de rassembler ses souvenirs fragmentés, il trébuche de rencontre en rencontre. Dans les profondeurs inconnues de l’étendue liquide, les ombres s’animent, les courants s’entremêlent au passé, au présent. Les derniers instants inquiets et fantastiques d’un homme qui accepte de vivre pour quitter ce monde. Par l’acrobatie et le jeu grotesque, la manipulation d’objets et… Lire la suite : HOUL
    • Élise Perrin – aborder le monde
      en résidence du 12 au 16 juin 2023 – seconde partie distribution Idée originale, texte et jeu – Elise PerrinComplicité artistique, musique et jeu – Noé Forissier à propos 2053 est une tentative d’agir sur le monde en imaginant un futur lumineux. La forme choisie est celle d’un bulletin d’information de l’an 2053. Imaginons qu’à cette époque, le capitalisme soit de l’histoire ancienne et que le vivant ait repris le pas sur les écrans. L’actualité est donc diffusée grâce à des troubadours en chair et en os, parce que c’est bien plus sympathique. Justification un peu légère ? Non, car… Lire la suite : Élise Perrin – aborder le monde
    • Carmen – Teresa Larraga
      en résidence du 7 août au 3 septembre 2023 à l’Atelier Grand Cargo réadaptation et expérimentation vers une nouvelle version du spectacle Carmen – Théâtre Frenesi. Un spectacle musical inspiré de la nouvelle de Prosper Mérimée et de l’opéra- comique de Georges Bizet. Une version comico-lyrique, revisitée par une secrétaire de garage.
    • le gang des déesses
      en résidence du 26 au 30 septembre 2023 à l’Atelier Grand Cargo développement de l’écriture et essai en scène pour la création d’un spectacle de rue
    • les danseurs – Pascal Nordmann
      le 6 octobre 2023 à 19 h – texte Pascal Nordmann
    • Movimiento
      résidence du 9 au 15 octobre 2023
    • Nora Rupp et Yann Bétant
      résidence du 23 au 26 septembre 2023 – photographe et cinéaste
    • Maoro, retour du Caire
      petite exposition de quatre œuvres de Maoro Frascotti – du 6 novembre au 10 décembre 2023
    • Manu Moser et Élima Héritier
      résidence du 13 au 15 décembre 2023 – Arts de la rue
    • la mort de Vladimir – TPVH
      vendredi 15 décembre 2023 au Foyer rural de Vendémian à 20h30
    • la mort de Vladimir – TPVH
      vendredi 22 décembre 2023 à la Salle Vert Paradis – Argelliers à 21h
    • Manu Moser et Laurent Lecoultre
      résidence du 10 au 14 février 2025 – Arts de la rue

    2022

    2021

    2020

    • une vie de facteur
      samedi 25 janvier 2020 à 19h – en résidence au Cargo – Cie Ceux qui parlent aux inconnus une proposition deÉric Desport & Léo Vuille d’après le livre deJean-Jacques Kissling Une Vie de Facteur est un spectacle tout public qui mêle texte, art du geste manipulation d’objets et de marionnettes. Il s’inspire de l’autobiographie d’un facteur genevois qui nous plonge dans un univers de lettres et de voyages. Au fil des mots et des images, on découvrira que le temps compte et que compter est devenu plus important que voyager. Un tempo vécu ici par deux comédiens qui joueront tous… Lire la suite : une vie de facteur
    • la rivière à la mer
      le 9 février 2020 à 18h – Théâtre Ça respire encore – Nancy
    • la rivière à la mer
      le 8 février 2020 à 20h30 – Théâtre Ça respire encore – Nancy
    • mille nuits ♂︎
      Atelier Grand Cargo – La Chaux-de-Fonds
    • mille nuits ♀︎
      Atelier Grand Cargo – La Chaux-de-Fonds
    • mille nuits ♂︎
      Atelier Grand Cargo – La Chaux-de-Fonds
    • mille nuits ♀︎
      Atelier Grand Cargo – La Chaux-de-Fonds
    • Pierre Gattoni
      posture – du 27 août au 13 septembre 2020
    • l’étoile du nord
      25 septembre 2020 à 20h – Théâtre du Concert – Neuchâtel brochures à la boutique l’étoile du nord est en vente à l’Atelier Grand Cargo ou par envoi postal en Suisse
    • l’étoile du nord
      26 septembre 2020 à 20h – Théâtre du Concert – Neuchâtel brochures à la boutique l’étoile du nord est en vente à l’Atelier Grand Cargo ou par envoi postal en Suisse
    • l’étoile du nord
      Lili aimerait faire durer le temps. Elle porte un déshabillé en tissu synthétique et reste les jambes nues parce qu’il ne fait pas si froid. Dans la rue, les voitures passent et un chien aboie de temps en temps. Son client n’a pas encore remis ses vêtements et attend.
    • la rivière à la mer
      le jeudi 8 octobre 2020 à 19h – Le Lieu Commun – Tavannes

    2019

    2018

    2017

    2016

    2015 – avant Cargo

    2014 – avant Cargo

    2012 – avant Cargo

    • Delphine et le rhinocéros
      Les aventures de Delphine discutant avec un rhinocéros, enrhumé et sympathique, sous la véranda du jardin de son grand-père… Justement, après l’enterrement de ce grand-père. distribution Texte Yves Robert Jeu Christine Chalard, Samuel Grilli, Laurence Sambin et Jacint Margarit représentations Théâtre ABC – 1e étape de travail avec public L’Inter-du-Mittan – 2e étape de travail… Lire la suite : Delphine et le rhinocéros
    • à la dérobée
      Tout commence «A la dérobée», titre de la pièce, avec l’arrivée impromptue d’une enseignante pas très académique. Chargée de remplacer la remplaçante d’un improbable professeur Schnitzel, la loufoque pédagogue s’échappe des règles imposées.
    • Delphine et le rhinocéros
      C’est le récit de la vie d’une femme amoureuse, perdue et éperdue.  Elle aime un homme tel qu’il est et le prend dans son intégrité de la beauté à l’obscurité. 
    • Delphine et le rhinocéros
      C’est le récit de la vie d’une femme amoureuse, perdue et éperdue.  Elle aime un homme tel qu’il est et le prend dans son intégrité de la beauté à l’obscurité. 
    • Delphine et le rhinocéros
      C’est le récit de la vie d’une femme amoureuse, perdue et éperdue.  Elle aime un homme tel qu’il est et le prend dans son intégrité de la beauté à l’obscurité. 
    • Delphine et le rhinocéros
      C’est le récit de la vie d’une femme amoureuse, perdue et éperdue.  Elle aime un homme tel qu’il est et le prend dans son intégrité de la beauté à l’obscurité. 
    • les Indes noires dans les mines d’asphalte
      du 24 mai au 14 juillet 2012 – Les mines d’asphalte & le théâtre de La Poudrière – La Presta
    • Delphine et le rhinocéros
      C’est le récit de la vie d’une femme amoureuse, perdue et éperdue.  Elle aime un homme tel qu’il est et le prend dans son intégrité de la beauté à l’obscurité. 

    2011 – avant Cargo

    • à la dérobée
      le 14 mars 2011 scolaire 10h – école primaire – Le Locle
    • à la dérobée
      le 14 mars 2011 scolaire 14h – école primaire – Le Locle
    • à la dérobée
      le 15 mars 2011 scolaire 10h – école primaire – Le Locle
    • à la dérobée
      le 15 mars 2011 scolaire 14h – école primaire – Le Locle
    • à la dérobée
      le 16 mars 2011 scolaire 10h – école primaire – Le Locle
    • à la dérobée
      le 17 mars 2011 scolaire 10h – école primaire – Le Locle
    • à la dérobée
      le 17 mars 2011 scolaire 14h – école primaire – Le Locle
    • à la dérobée
      le 18 mars 2011 scolaire 14h – école primaire – Le Locle
    • à la dérobée
      le 18 mars 2011 scolaire 14h – école primaire – Le Locle
    • à la dérobée
      le 4 avril 2011 scolaire 10h – école primaire – Le Locle
    • à la dérobée
      le 4 avril 2011 scolaire 14h – école primaire – Le Locle
    • à la dérobée
      le 5 avril 2011 scolaire 10h – école primaire – Le Locle
    • à la dérobée
      le 5 avril 2011 scolaire 14h – école primaire – Le Locle
    • à la dérobée
      le 6 avril 2011 scolaire 10h – école primaire – Le Locle
    • à la dérobée
      le 7 avril 2011 scolaire 10h – école primaire – Le Locle
    • à la dérobée
      le 7 avril 2011 scolaire 14h – école primaire – Le Locle
    • à la dérobée
      le 8 avril 2011 scolaire 10h – école primaire – Le Locle
    • à la dérobée
      le 8 avril 2011 scolaire 14h – école primaire – Le Locle
    • à la dérobée
      le 11 avril 2011 à 17h30 – Théâtre ABC – La Chaux-de-Fonds
    • à la dérobée
      le 12 avril 2011 à 17h30 – Théâtre ABC – La Chaux-de-Fonds
    • à la dérobée
      le 13 avril 2011 à 15h – Théâtre ABC – La Chaux-de-Fonds
    • à la dérobée
      le 7 juin 2011 à 10h (scolaire) – écoles primaires – Fontainemelon
    • à la dérobée
      le 7 juin 2011 à 14h (scolaire) – écoles primaires – Fontainemelon
    • à la dérobée
      le 8 juin 2011 à 10h (scolaire) – écoles primaires – Fontainemelon
    • à la dérobée
      le 9 juin 2011 à 10h (scolaire) – écoles primaires – Fontainemelon
    • à la dérobée
      le 9 juin 2011 à 14h (scolaire) – écoles primaires – Fontainemelon
    • à la dérobée
      le 10 juin 2011 à 10h (scolaire) – écoles primaires – Fontainemelon
    • à la dérobée
      le 10 juin 2011 à 14h (scolaire) – écoles primaires – Fontainemelon
    • patronne et domestique – performance
      le 22 octobre 2011 à 18h30 – Galerie Ex-Machina – Genève
    • à la dérobée
      le 23 décembre 2011 à 10h (scolaire) –Écoles primaire – Montmollin

    2010 – avant Cargo

    2009 – avant Cargo

    2008 – avant Cargo

    2007 – avant Cargo

    2006 – avant Cargo

    2005 – avant Cargo

    2004 – avant Cargo

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